La commission indépendante lancée par la ministre de l’Ecologie après le scandale Volkswagen promet de nouvelles révélations sur les pratiques frauduleuses de nombreux constructeurs automobiles.

L’entreprise Renault, dont l’Etat français est l’actionnaire principal, est notamment visé par le dépassement des normes anti-pollution de certains de ses véhicules. Si aucun logiciel de fraude n’est détecté pour l’instant, la volonté de tromper est manifeste et les émissions en conditions réelles supérieures aux normes d’homologation.

A ce titre, les consommateurs ont été doublement floués : tout d’abord, dupés à l’achat sur les caractéristiques du véhicule, dont l’illusion prétendue du « diesel propre » n’a conduit qu’au mensonge organisé et à la perte de valeur de leur véhicule. Des actions de groupe, comme c’est le cas en Allemagne contre le constructeur Volkswagen, devront obtenir réparations et transparence.

Floués, les Français l’ont également été avec l’encouragement des pouvoirs publics depuis 30 ans à acheter et consommer diesel, avantagé fiscalement, au détriment de leur santé.

Ce jeu dangereux du chat et de la souris entre les pouvoirs publics et les constructeurs automobiles, dont les règles sont régulièrement biaisées par le travail de sape des lobbies, n’a que trop duré.

Il est définitivement temps de construire un nouveau chemin.

Un nouveau chemin pour défendre la santé avant les intérêts de l’automobile. Cela implique la sortie progressive du diesel, notamment en supprimant la niche fiscale de 6 milliards d’euros qui lui est allouée chaque année, pour répondre à un scandale sanitaire en cours, de même étendue que l’amiante ou le tabac.

Un nouveau chemin ensuite pour sauver les emplois et le savoir-faire de Renault et du secteur automobile français. Si les constructeurs ne bougent pas maintenant, il sera trop tard demain. Pour cela, le gouvernement doit imposer une feuille de route dans les conseils d’administration des constructeurs automobiles français et leur donner dix ans pour sortir totalement de la production de ces véhicules diesel et aller vers des motorisations moins polluantes et sobres.

Dans le même temps, engageons une véritable transformation de la mobilité pour développer les transports en commun et les modes de déplacements alternatifs à la voiture individuelle. Le grand gâchis d’argent public, gaspillé à encourager un produit cancérogène, le diesel, serviront alors à financer des aides aux particuliers et aux professionnels afin de se doter de véhicules non polluants.

Notre santé vaut mieux que leurs profits. Cette semaine, les chiffres annuels de l’INSEE révèlent une baisse historique de l’espérance de vie à la naissance, alors même que l’espérance de vie en bonne santé diminue d’année en année. Ce n’est certainement pas un hasard. A nous de construire le chemin du vivre-mieux et de s’attaquer plus que jamais aux poisons du quotidien.

Emmanuelle Cosse, secrétaire nationale d’EELV