Dans un éditorial paru dans Le Point de vendredi dernier, Patrick Besson s’est livré à une chronique visant à stigmatiser ironiquement la candidature d’Eva Joly à l’élection présidentielle. Sauf que loin de traiter par l’humour un différend politique, M. Besson s’est attaqué à la personne d’Eva Joly, à son accent et à ses origines. L’édito n’est pas seulement pas drôle, il est l’expression ouverte de propos xénophobes à l’encontre d’une candidate à l’élection présidentielle qui représente l’ensemble des écologistes. Il est surtout révélateur d’une tendance générale d’une partie de la classe intellectuelle et politique à généraliser tous les « dérapages » racistes : après les propos de Brice Hortefeux, ceux de Claude Guéant, le « coréen national » d’Alain Marleix, voici venu le pamphlet xénophobe dans un hebdomadaire de la presse française qui se revendique respectable.

Deux jours après la publication, il aurait été possible à son auteur et à ceux qui l’ont publié de se rendre compte de l’outrage fait non seulement à une personne mais à des valeurs. À ce jour, aucune excuse et les condamnations sont marginales. Il est pourtant des limites en démocratie que l’on ne doit pas franchir si l’on croit encore en ses vertus et ses valeurs. Toutes celles et ceux qui dépassent ces frontières deviennent des complices actifs de ceux qui attisent les tensions de notre société, prenant le risque d’allumer un incendie dramatique.

Cette pratique autrefois cantonnée aux borborygmes des Le Pen est en train d’être cultivée avec un cynisme qui n’a d’égal que son oubli de l’histoire par la droite au pouvoir.

Il est temps que celles et ceux qui refusent cette dérive, quelles que soient leurs opinions politiques, réagissent.

Au nom d’Europe Ecologie les Verts, je demande des excuses publiques de Monsieur Patrick Besson et de son journal à Madame Eva Joly.

Cécile Duflot
Secrétaire Nationale d’Europe Ecologie les Verts