Les chiffres annuels sont sortis : 123 femmes ont été tuées par leur compagnon ou ex-compagnon en 2016. Une femme décède tous les trois jours sous les coups de son conjoint, une réalité d’une inquiétante stabilité.

Certes, les dispositifs mis en oeuvre ces dernières années, dont le téléphone grave danger ou l’ordonnance de protection, ont un petit effet. Mais ils ne peuvent être passées à l’échelle supérieure en raison d’un budget significativement et structurellement insuffisant.

Alors que le budget dédié aux droits des femmes est visé par une coupe de 25% cette année, les écologistes dénoncent le manque d’action pour s’attaquer véritablement à ce problème multiforme. Les actions dédiées à la lutte contre les violences contre les femmes (prévention, information, formation, hébergement et accompagnement des victimes de violences, etc.) ne doivent pas seulement être maintenues à budget constant, mais être renforcées. Ces meurtres ne surgissent pas de nulle part. Plus du tiers des auteurs des meurtres recensés étaient connus des services de police. Les autres actions menées en matière de droits des femmes doivent être également renforcées, car les violences trouvent leur terreau dans le sexisme et les inégalités femmes-hommes.

Les représentations sexistes véhiculées par la publicité et les médias assimilent les femmes à des objets, à des personnes versatiles, à des êtres hypersexualisés. Il est significatif que 47 des 123 femmes tuées par leur compagnon ou leur ex-compagnon l’aient été parce que ce dernier refusait la séparation : comme si le meurtrier souhaitait démontrer son emprise sur sa conjointe. Le renforcement des actions en matière d’égalité femmes-hommes, et en particulier la lutte contre les inégalités économiques et la précarité des femmes sont plus que nécessaires : 46,38% des femmes victimes d’homicide conjugal en France étaient sans emploi, donc dépendantes financièrement de leur conjoint ; et souvent sans personnes extérieures au foyer pour connaître, dénoncer leur situation et les aider. Par ailleurs, la désocialisation de la partenaire est une stratégie notoirement employée par les conjoints abusifs pour renforcer leur emprise.

Ce n’est pas qu’une question de coordination comme se plait à le rappeler le Premier Ministre. Pour les écologistes, la France et les pouvoirs publics ne peuvent plus faire semblant. Protéger les femmes et prévenir les violences à leur encontre, c’est avant tout une question de priorité politique et de moyens financiers déployés !