Les écologistes prennent acte des annonces du Président de la République devant le Congrès. Deux mois après son élection, force est de constater que le flou persiste, sur les priorités comme sur le calendrier de leur mise en œuvre.

Tout y était dans le ton et dans la forme, pour incarner un discours de rupture : le rappel du renouvellement souhaité par le candidat Macron, la volonté de dynamiser la France, de faire mieux. Pourtant, sur le fond, rien ne sépare ce premier discours au Congrès du nouveau président de ceux de François ​Hollande ou de ses prédécesseurs. Surtout pas le discours sur le changement climatique, qui n’a eu droit qu’à trois allusions en 1h30 de discours fleuve.

Une succession de promesses, celles de la campagne, un discours de candidat mais aucune projection dans le temps, aucun agenda des réformes, aucun engagement chiffré n’est venu différencier ce discours des précédent, laissant ses auditeurs et auditrices face à un flou sans cesse renouvelé.

Emmanuel Macron a donné ce lundi un discours largement centré autour des questions de sécurité mais qui, en creux, entretient un flou marketing sur les réels enjeux à l’œuvre. A commencer par la supercherie de la fin promise de l’état d’urgence pour l’automne. Une promesse réelle quasiment assortie d’un agenda, qui oublie juste l’essentiel : si l’état d’urgence est retiré c’est parce que ses principales mesures rentreront dans le droit commun dès le projet de loi sécurité voté. La fin de l’état d’urgence temporaire pour un état d’urgence permanent entériné par la loi, donc. Inacceptable pour les écologistes.

Le flou est persistant sur les questions institutionnelles. Les écologistes militent de longue date pour la suppression de la Cour de justice de la République et la proportionnelle. Ces mesures, promises également par François Hollande doivent être concrétisées rapidement. Il est surprenant que le Président, deux mois après son élection, n’en soit encore qu’aux grandes lignes et ne puisse proposer de solution de remplacement à la juridiction d’exception ou préciser la dose de proportionnelle envisagée.

Le grand écart est flagrant sur l’accueil des réfugié-e-s. Encore une fois le président loue le devoir d’accueil de la France, quand ses ministres continuent à mettre en place des mesures sécuritaires, violentes, contraires à toutes les conventions internationales et condamnées par l’ensemble des acteurs du secteur.

En dénonçant « le viol permanent de la présomption d’innocence » qu’exercerait selon lui la presse sur les politiques, Emmanuel Macron commet une entorse à son propre discours puisqu’il contrevient à sa volonté de liberté et d’expression qu’il dit être nécessaire au bon fonctionnement du pays en mettant à l’amende une presse qui ne fait que son travail d’enquête et de diffusion de l’information. Au passage, il piétine encore un peu plus la séparation des pouvoirs et l’indépendance de la presse. Un Président ne devrait pas dire ça.

La France a besoin d’un avenir meilleur mais en continuant à faire l’autruche sur les enjeux du changement climatique, en ne prenant pas le virage de la transition énergétique – seule capable de créer un million d’emplois durables –, en ne prenant pas au sérieux les questions d’égalité et de respect des victimes, Emmanuel Macron signe un discours qui inquiète les écologistes quant à l’avenir de la France.

Julien Bayou et Sandra Regol, porte-parole nationaux