Le rythme scolaire des enfants fait irruption au coeur du débat politique. Est-ce si important pour vous ?

 

C’est évidemment un sujet important, et pas seulement pour les enfants. Il interroge la société tout entière, notamment la vie des familles, les contraintes professionnelles et économiques, etc. Mais je crains que la focalisation médiatique sur la seule question des rythmes scolaires obscurcisse le vrai débat sur l’école, et que l’on oublie ainsi des questions plus fondamentales sur les contenus, les programmes scolaires, la finalité de l’école, la pédagogie, les rapports entre l’école et les familles…

 

Que pensez-vous de l’allongement de la pause de midi ?

 

Je n’y suis pas opposé en soi, tout dépend des activités que l’on fait. Si on fait deux heures de récréation ou du soutien scolaire au moment où l’attention des enfants est faible, cela n’a pas de sens. Si c’est du sport, il faut savoir si c’est avant ou après l’heure du repas. On ne peut pas définir le cadre sans voir le contenu. On ne peut pas remplir des plannings sans s’interroger sur la nature des activités proposées. Il y a un caractère absurde à la démarche qui est imposée aujourd’hui : au lieu de partir d’un projet éducatif pour les enfants, de s’interroger sur les activités qui lui seraient utiles et du moment où il faudrait les faire, on fige des cadres et, ensuite, on remplira des cases !

 

Vous préférez le retour au samedi matin travaillé ?

 

C’est un peu dommage de maintenir cette hypothèse uniquement sous forme dérogatoire car très peu d’écoles vont alors utiliser le samedi matin. La pause de deux jours durant le week-end fait que l’enfant se couche tard trois soirs de suite, les vendredis, samedis et dimanches. Il commence la semaine fatigué.

Il y a un deuxième argument qui plaide en faveur du samedi matin travaillé : beaucoup d’enseignants estiment que c’est un moment privilégié pour le rapport entre l’école et les familles. Car les parents ne travaillent généralement pas et sont moins pressés que les autres jours. Cela peut être l’occasion de contacts et de dialogues féconds. Ceci dit, je suis hostile à une formule unique imposée de façon jacobine.

 

Faudra-t-il raccourcir les vacances d’été ?

 

C’est indispensable. Nous avons trop peu de jours de classe et les journées sont trop chargées. La longueur des vacances d’été est un véritable obstacle à la continuité pédagogique. Le ministre s’est engagé sur le sujet et il semble déterminé. J’espère qu’il ne cèdera pas sous le poids des lobbies du tourisme et des autoroutes.

 

Certains s’inquiète des moyens qu’auront les communes pour instituer des activités péri-scolaires, avec notamment un risque de distorsion entre communes riches et pauvres. Etes-vous aussi inquiet ?

 

On peut avoir une double inquiétude : la capacité de financement des communes, et les compétences des personnes amenées à intervenir en classe, si on ne veut pas que ce soit de la garderie. Il faut que les communes travaillent avec les écoles et les associations culturelles, artistiques et sportives. Il faut une élaboration concertée de vrais “projets éducatifs locaux” impliquant les enseignants, les parents, les élus, les associations, le tissu artistique et sportif, les quartiers…

 

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