Les bouleversements engendrés par les politiques gouvernementales en matière de recherche ne cessent de semer le désarroi dans une part grandissante de la communauté académique. Quatre chercheurs du CNRS, membres de Sauvons la recherche, viennent de lancer un appel à suspendre la mise en place des Initiatives d’excellence (Idex), pierres angulaires des Investissements d’avenir du « Grand Emprunt » de Nicolas Sarkozy. Europe-Ecologie – Les Verts s’associe à cet appel.
Un moratoire sur les Idex est indispensable. Conçus à la hâte, sélectionnés dans la plus grande opacité et dans le but assumé de concentrer les moyens sur une minorité aux dépens de la grande majorité des équipes et laboratoires, les Idex vont à rebours des principes de fonctionnement du monde scientifique : la collégialité et la transparence. Surtout, par l’ampleur des transformations qu’ils impliqueraient, ils menacent de déstabiliser l’ensemble du système de recherche français.
L’attribution d’un nouveau Prix Nobel de Physiologie ou Médecine à un chercheur du CNRS – et à travers lui à l’ensemble de ses collaborateurs – pour des travaux de recherche fondamentale en immunologie développés sur plusieurs décennies vient à point nommé rappeler que la recherche a besoin de temps et de stabilité. Mais le gouvernement persiste à remplacer les financements récurrents des laboratoires par des contrats de court terme et accélère le démembrement des structures de recherche existantes, au premier rang desquelles le CNRS, au profit des Idex ou de prétendus Laboratoires d’excellence. Pour les écologistes, si la recherche en mode projet se conçoit pour résoudre des problèmes circonscrits et bien identifiés, il est indispensable de conserver un système de recherche puissant et opérationnel qui couvre l’ensemble des champs de la connaissance, dans toute leur diversité.
Lors de la convention nationale sur l’enseignement supérieur et la recherche organisée le week-end dernier à Lyon par EELV, qui a permis de présenter les propositions précises des écologistes en la matière, Eva Joly, candidate à l’élection présidentielle, a rappelé la nécessité de faire de la recherche un véritable « contre-pouvoir », indépendant des gouvernements et des logiques de profit.
L’alternance à laquelle travaillent les écologistes devra donner lieu à des mesures d’urgence pour lutter contre la précarité et restaurer de la visibilité budgétaire. Après des années de manipulation budgétaire et de mensonges ministériels, un audit de l’ensemble des lignes de la Mission recherche et enseignement supérieur (Mires) est indispensable. Une refondation du système français d’enseignement supérieur et de recherche est devenue nécessaire : les écologistes en font une de leurs priorités et veilleront à ce qu’elle ait lieu en pleine concertation avec les personnels de la recherche et l’ensemble de la société.