Environnement : bilan décevant, passage à l’acte attendu,  selon la déléguée thématique à la biodiversité

 

L’arrivée tant attendue de la gauche au pouvoir par nombre d’écologistes est bien décevante sur le champ de l’environnement. A quand le passage à l’acte ?

 

Certes, du côté du bilan concret, il y a eu quelques avancées, comme la suspension des trois néonicotinoïdes, l’arrêté contre les pollutions lumineuses, le maintien de l’interdiction des cultures OGM, celle du bisphénol A dans les conditionnements à vocation alimentaire ou encore la réaffirmation de l’interdiction de l’exploitation des gaz de schiste. Mais il y a aussi l’entêtement à soutenir des projets tant destructeurs qu’inutiles (nouvel aéroport à Notre-Dame-des-Lande, A45, A831, EPR et THT Cotentin-Maine…) ; ou la faiblesse face aux lobbys (autorisation d’exploiter une mine d’or dans le parc national guyanais, a régression dans la préservation des espèces emblématiques comme le loup…). Sans parler de l’enlisement dans certains dossiers : condamnation de la France pour non-respect de la directive nitrates ou de celle sur la qualité de l’air.

 

Cependant, ce qui pèse le plus lourd, quand on tente un bilan de la première année d’actions de la nouvelle majorité, c’est justement l’inaction. D’aucuns ont l’impression d’être dans un « remake » du Grenelle. En effet, le lancement de la conférence environnementale aura mobilisé une énergie considérable, puis les différents groupes de travail qui se sont tenus durant l’année auront entrainé l’ensemble des participant-e-s dans un travail de concertation à un rythme effréné. N’aurait-il pas été plus simple pour la majorité en place de prendre à son compte les conclusions du débat multi-acteurs du Grenelle et de montrer que, contrairement à la majorité précédente, elle avait l’ambition et la capacité de traduire les objectifs énoncés en actions ? Le diagnostic sévère mais lucide établi collectivement alors sur l’état et les tendances de l’environnement avait permis de définir les mesures appropriées, souvent largement portées par les écologistes depuis de nombreuses années.

 

Par ailleurs, beaucoup de chantiers importants restent en suspens ou semblent abandonnés, malgré leur importance dans le domaine environnemental : le plan de retrait définitif des transformateurs au pyralène 2010, le nombre de sites et sols pollués cartographiés augmente contrairement aux moyens nécessaires à leurs dépollutions, la stratégie de création des aires protégées patine…

 

Faut-il pour autant désespérer ? De nombreux chantiers ont été ouverts : fiscalité écologique, réforme du code minier, modernisation du droit de l’environnement, plan d’urgence de la qualité de l’air, lutte contre l’artificialisation des sols, assises de la mer, éducation à l’environnement, plan national santé-environnement 3, sans oublier la loi-cadre sur la biodiversité, la première de cette ampleur depuis 1976 et qui devrait permettre la mise en œuvre des enjeux de Nagoya, avec une attention particulière pour l’Outre-Mer… Pour l’instant, les travaux en cours permettent de noter des avancées certaines, notamment dans la loi-cadre, le code minier, en matière d’air et d’éducation à l’environnement.

 

Mais de tous les côtés, les ambitions environnementales sont remises en cause : la fiscalité écologique semble se réduire à une mesure sur le carburant, la dérégulation parait l’objectif lancinant de la réforme du droit de l’environnement, les menaces budgétaires, comme la ponction des budgets des agences de l’eau, sans oublier le contexte du limogeage de la ministre de l’Ecologie, se font de plus en plus pressantes, le projet d’Agence nationale de la biodiversité se réduit à un amalgame informe tiraillé entre les exigences des un-e-s et des autres, l’électro-hypersensibilité est réduite à un problème d’ordre psychologique, l’artificialisation des sols ne sera traitée que dans un deuxième ou troisième temps…

 

Les semaines et mois à venir seront déterminants et les attentes vis-à-vis de nos ministres et parlementaires sont fortes. Les chantiers en cours ont le potentiel de redonner du souffle aux politiques environnementales, si les engagements pris par le Président et le Premier ministre lors de la conférence environnementale sont tenus. Nous devons mettre tout notre poids dans la balance pour qu’elle penche du bon côté.