Cette nuit, un gigantesque incendie s’est déclaré dans l’usine Seveso Lubrizol de Rouen. Le site, situé sur la rive droite, à Rouen, non loin du centre-ville, fabrique des additifs pour lubrifiants. L’incendie est toujours en cours et les écologistes adressent leurs plus vifs soutiens aux pompier-es mobilisé-es et aux populations touchées.

La préfecture indique qu’il n’y a « pas de toxicité aiguë sur les principales molécules » dans la fumée qui se dégage, selon les premières analyses. Pas de toxicité aiguë ne veut pas dire pas de toxicité du tout ! D’ailleurs, la préfecture invite les habitants dans un périmètre de 500 mètres autour de l’entreprise à rester chez eux. « Les maisons de retraites font l’objet d’une mesure de confinement« , ajoute-t-elle. Les crèches, écoles, collèges et lycées resteront fermés et ce sont désormais 13 communes qui sont concernées par les mesures de confinement.

Déjà, le 21 janvier 2013, une fuite de mercaptan sur ce même site de Lubrizol avait eu comme conséquence de répandre une odeur extrêmement désagréable, provoquant de nombreux maux de tête et des gênes respiratoires auprès des populations du département, allant même jusqu’à Paris et en Angleterre. Un accident qui avait servi de fondement à la nouvelle réglementation en matière d’incident industriel toutes les procédures d’analyse et de surveillance du panache s’appellent d’ailleurs « procédure Lubrizol ». À l’époque, l’entreprise n’avait été condamnée qu’à une amende dérisoire. Symboliquement, et 18 ans après la catastrophe d’AZF, ce nouvel accident souligne les lacunes de la réglementation en vigueur et le laxisme existant au bénéfice des pollueurs et au détriment de la population.

Une nouvelle fois, cet accident relance le débat de la gestion des risques industriels au travers des PPRT (Plan de prévention des risques technologiques) et de leur compatibilité avec le développement urbain. Il est emblématique du modèle de développement économique basé sur les énergies fossiles et l’industrie chimique qui fait peser dans nos villes une menace permanente sur les habitants.

EELV demande l’application du principe de précaution. Il faut s’interroger sur une organisation qui autorise une telle concentration d’usines en zone urbaine dense et appliquer un principe de sobriété d’exposition aux produits toxiques. Les mesures immédiates sont une nécessité mais, au-delà, c’est tout notre système qui doit être revu. Il ne s’agit plus seulement aujourd’hui de répondre au risque d’accident, mais d’agir à la source en interdisant ces produits dont la toxicité est connue, à la production comme à la commercialisation.

Emmanuel Macron prétend agir pour l’environnement. EELV lui demande des preuves dans les actes en prenant les mesures qui s’imposent.

Photo Stéphane Martot / EELV Rouen