Les révélations concernant le programme de surveillance PRISM, de l’agence américaine NSA, laissent présager d’un avenir sombre pour la liberté d’expression et le respect de la vie privée des internautes et des citoyens de tous pays. Grâce au lanceur d’alerte Edward Snowden, dont le geste n’est pas sans rappeler celui de Bradley Manning dans l’affaire Wikileaks, nous savons aujourd’hui que la grande majorité des entreprises du web collaborent depuis 2009 au moins avec les services secrets américains pour fournir les données engrangées par les utilisateurs sur leurs sites respectifs.

Ces informations illustrent à quel point un Internet essentiellement animé par des sociétés privées et régulé par certains Etats, serait une menace pour nos libertés fondamentales, en contradiction directe avec les principes mêmes de partage et de protection des données qui sont au coeur de sa philosophie. Dans la foulée des premières révélations sur le programme PRISM, plusieurs figures historiques de l’Internet ont d’ailleurs exprimé critiques et inquiétudes face au pouvoir sans limite du programme PRISM.

Dans ce contexte inquiétant, la garantie de la neutralité du Net et le développement des logiciels libres nous apparaissent comme primordiaux. La neutralité du Net garantit un accès égal et complet au réseau, les logiciels libres sont susceptibles de réaliser une (ré-)appropriation du réseau par ses usagers.

La philosophie rattachée à ces logiciels met en avant les notions de partage, de travail collaboratif, d’intelligence collective, et constitue d’ailleurs un objet pédagogique idéal pour l’éducation des enfants dans les écoles de la République. En cela le gouvernement devrait encourager leur diffusion et leur utilisation.

Des initiatives européennes existent allant dans le bon sens pour tenter de protéger la neutralité du réseau et pour minimiser les dérives des exigences de « sécurité nationale » des Etats, mais la seule façon de garantir nos libertés individuelles et collectives à l’ère du numérique, c’est de nous y intéresser, de “mettre le nez dedans”, comme on le ferait pour le code source d’un logiciel libre. En matière de démocratie, le web change la donne. Il ne tient qu’à nous d’en faire un véritable bien commun.

Elise LOWY, Jean-Philippe MAGNEN, Porte-parole

Lire également la contribution de la Commission Libertés numériques [Partage 2.0] d’EELV : https://numerique.eelv.fr/2013/06/26/loeil-de-washington/