Depuis le drame du 19 juillet et la mort d’Adama Traoré, sa famille réclame, avec dignité et abnégation, que justice soit rendue. Sans appels à la haine, sans rejet des institutions, la famille Traoré continue son combat contre l’omerta de services qui refusent de procéder à leur auto-critique.

En période de doutes et d’interrogations, le devoir des pouvoirs publics est de veiller au bien vivre de la cité en respectant la devise de la Nation : liberté, égalité, fraternité. Mais à Beaumont-sur-Oise, sur fond de radicalisation politique, la Maire a décidé de se définir un « camp » là où rien n’en dessinait ni n’en opposait. En opposant les prétendus « français de souche » aux « autres », la Maire a opté pour une instrumentalisation politique qui va à l’encontre de toute logique.

Les appels au calme de la famille et des proches tranchent avec l’acharnement politique dont ils sont la cible. La plainte de la Maire contre la famille Traoré, le partage d’appels à la haine, l’interdiction d’assister aux conseils municipaux… sont autant d’atteintes à la fonction de maire, dont la responsabilité est de faire régner l’ordre dans le respect de l’égalité.

Youssouf et Bagui Traoré étaient poursuivis pour des outrages et menaces à l’encontre de huit gendarmes et policiers municipaux qui auraient eu lieu en marge d’un conseil municipal le 17 novembre. Ce soir là, la famille et les proches étaient réunis devant la mairie pour protester contre la dernière provocation de la Maire : sa demande d’obtenir la prise en charge de ses frais de justice par la collectivité dans l’affaire l’opposant à la famille Traoré.

Comme pour l’enquête sur la mort de leur frère Adama, les témoignages des forces de l’ordre ne sont corroborés par aucune preuve. Seuls les témoignages des policiers, en solidarité de corps avec les gendarmes, ont présidé au jugement. Comme pour l’enquête sur la mort d’Adama, le flou qui entoure leurs déclarations et le regard contradictoire des experts entretiennent un doute important. Dans ces deux cas, c’est une seule et même famille qui est victime.

Face à l’acharnement dont elle est l’objet, Europe Écologie Les Verts témoigne de tout son soutien à la famille Traoré et dénonce dans ce dossier une dérive mortifère pour la société française. Comme nous le rappelions au début de cette affaire, la justice doit être la même pour toutes et tous, c’est le gage d’une démocratie vivante. C’est la raison pour laquelle  nous demandons la généralisation des contre-expertises indépendantes ainsi que le renforcement des dispositifs de recensement des violences policières et l’établissement d’un récépissé pour les contrôles d’identité, promesse non tenue du candidat Hollande.

Des moyens supplémentaires devraient également être mis au service de la formation des agents de la sécurité nationale. Le fait que l’essentiel des forces de l’ordre impliquées dans ces affaires soit en début de carrière confirme la nécessité d’une amélioration de la formation des agents. Une nécessité d’autant plus accrue par l’épuisement des forces de l’ordre, particulièrement sollicitées et exploitées dans un contexte de risque terroriste et de brutalisation de la société.

L’affaire Traoré ne devrait pas exister. Des solutions sont disponibles pour que la justice soit rendue dans le respect et l’égalité : ayons le courage politique de les mettre en œuvre.

Julien Bayou et Sandra Regol, porte-parole nationaux
Marie Toussaint, membre du Bureau exécutif, déléguée à la jeunesse