La grande réforme de l’audiovisuel annoncée par Françoise Nyssen provoque un large sentiment de perplexité. Alors que les questions importantes pour l’avenir de la télévision publique sont laissées de côté, la réforme dans sa forme finale apparaît bien maigre et en incapacité d’être à la hauteur des enjeux. A la place, la ministre a gratifié la presse d’un énième discours martelant que « l’audiovisuel public doit faire plus avec moins » qui témoigne d’une méconnaissance de la télévision et de ses publics.

Peu de mesures réelles et beaucoup d’effets d’annonce donc. Au compte des mesures concrètes, les deux principales sont incontestablement la suppression, immédiate ou à venir, de deux chaînes du bouquet public.

Tout d’abord, la suppression de France 4, la chaîne jeunesse de  la télévision publique. Si un débat serait bienvenu sur le projet de la chaîne, ses missions, son niveau d’audience, sa suppression ne semble être envisagée que par le prisme des économies faciles.

Et la suppression de France Ô. Celle-ci, destinée aux ressortissants métropolitains de l’outre-mer, correspond pourtant parfaitement à une mission de service public. La supprimer, sans envisager de distribuer ses programmes au sein des autres chaînes,  c’est amoindrir encore la capacité d’expression des différentes composantes de la France et de la francité. Alors que la France peine à donner à l’ensemble de ses ressortissant-es les clefs de l’égalité, la réforme tend à sa suppression.

Mais ce qui devrait faire débat est absent du projet de réformes : quel service public d’audiovisuel, quelle gouvernance, pour quel projet éditorial et s’appuyant sur quelle organisation sociale ? Tous ces débats sont escamotés au profit de quelques coups de ciseaux.

Pourtant l’audiovisuel public a déjà beaucoup évolué. Avec moins de moyens il fait déjà beaucoup plus. Il peut faire encore mieux, c’est sûr. Mais pour dégager une ligne claire, il aurait fallu plus de courage, de vision et d’ambition pour le service public de l’audiovisuel.

Julien Bayou et Sandra Regol, porte-parole nationaux