Le confinement lié à l’épidémie du Covid-19 aura un impact fort sur notre système éducatif. Avec la fermeture des établissements scolaires, les inégalités déjà très présentes dans l’accès à l’éducation se sont aggravées.

Au lieu de clarifier les choses, la déclaration du ministre de l’éducation, faite sans concertation préalable des enseignant·es, des parents ou des collectivités locales, apporte une confusion et une angoisse supplémentaire. Si l’on peut lui reconnaître plus de mesure que l’annonce brutale du “11 mai” faites par le président Macron, on retrouve dans ses déclarations les mêmes tâtonnements que ceux du premier ministre dimanche dernier. En matière d’éducation, comme en matière de santé, ce dont nous avons tous besoin, parents, élèves, enseignant·es, c’est de clarté, et de cohérence. Bien sûr, il est difficile de faire aujourd’hui des choix éclairés, par contre, il est tout à fait possible pour le ministre de donner un cadre de procédure. L’annonce de la reprise progressive, des demi-classes, sont des pistes intéressantes, mais elles méritent d’être précisées, et partagées.

Pour Europe Écologie Les Verts, le principe de précaution doit prédominer dans cette période de déconfinement. Et les établissements ne doivent procéder à la réouverture qu’après publication des avis scientifiques l’autorisant et selon des protocoles sanitaires définis par ces avis et strictement respectés. Les élèves et personnels en situation de fragilité vis à vis du Covid-19 ou vivant avec ces personnes doivent en être dispensés. 

En préalable à la réouverture des établissements, nous demandons a minima l’organisation d’une journée de concertation des équipes pédagogiques, et une large autonomie donnée aux équipes dans la procédure d’accueil et de déconfinement. Ces procédures devront notamment prendre en compte :

  • Une priorité donnée à l’accueil des élèves les plus fragiles : élèves en difficultés, décrochés, mineurs isolés, élèves en situation de handicap.
  • Des premiers temps d’accueil consacrés au bilan pédagogique de la période de confinement, qui permette notamment à chacun.e de compléter des cahiers de doléances pour l’école d’après.
  • La création de cercles de la parole et de cellules psychologiques pour accompagner le retour des enfants et lycéens confinés et ayant parfois perdu des proches.
  • Favoriser l’enseignement en extérieur suite à une période où nombre d’enfants ont été privés d’accès à la nature.
  • Les parents ont été énormément sollicités et une parole claire pour déculpabiliser celles et ceux qui n’ont pas pu ou pas su  accompagner la continuité pédagogique permettrait d’apaiser les tensions et serait l’occasion d’impliquer les parents dans les activités scolaires.  
  •    L’aménagement des emplois du temps, pour permettre l’accueil en petit groupe, doit être fait par demi-journée ou une semaine sur deux pour les élèves et les enseignant.e.s afin de diminuer le flux de personnes dans l’établissement.
  • En ce qui concerne les diplômes, nous saluons encore une fois la décision raisonnable de M. Blanquer de faire passer ces examens au contrôle continu. Cependant, il est indispensable d’organiser des modalités de rattrapage pour les élèves qui n’auraient pas leur diplôme en contrôle continu. Il en va de même pour les élèves qui auraient  dû réaliser un stage pour valider leur année (ex: BTS), un report du stage étant difficilement envisageable pour plusieurs filières.
  • En plus des écoles, il faut permettre dès que possible, dans les mêmes conditions strictes de sécurité sanitaire, la réouverture des cantines scolaires, des accueils de loisirs, outils périscolaires indispensables pour la réduction des inégalités. 

Le temps du partage sur cette expérience de crise sanitaire et de confinement doit aussi être l’occasion de poser les bases d’une réflexion sur une école qui valorise la coopération, l’entraide et le partage pour la réussite de toutes et tous. Cette réflexion doit être lancée dès maintenant avec tous les acteurs de l’éducation et principalement les enseignants, les parents et les élèves.