Première partie : Vers une société post-croissance

« La société écologiste pose les fondements d’une organisation économique et sociale d’un autre type : à la démesure, les écologistes opposent la conscience des limites ; aux mécanismes marchands, à la course au profit et aux gaspillages, la régulation par les écosystèmes et les besoins sociaux ; à la pulsion dominatrice sur la nature, la sanctuarisation du vivant et des équilibres naturels garantissant la diversité biologique ; au dogme de la croissance infinie, la décroissance des excès ; à la gloutonnerie en énergie et matières premières, la réparation, le recyclage, la réutilisation ; à la gabegie productiviste et avare d’emplois, la reconversion industrielle et agricole ; à la dictature du PIB, les indicateurs de bien être, d’égalité et d’émancipation ; au libre échange planétaire, la proximité et les circuits courts ; au talon de fer de la concurrence, le commerce équitable et la mutualisation ; au travailler toujours plus, la réduction et le partage du temps de travail ; à la sacralisation de la valeur travail, la gratuité des biens fondamentaux, la valorisation du temps libre et de l’autonomie ; au saupoudrage des minima sociaux, un revenu universel inconditionnel et personnalisé ; à la fuite en avant technologique et nucléaire, la réalisation de solutions concrètes, maîtrisables et décentralisées ; à la méthode répressive unique, l’effort de prévention ; aux dérives de l’endettement, la prudence du recours au crédit ; au règne de l’argent et de l’accumulation, la redistribution et le partage »
Manifeste pour une société écologiste

L’évolution des chiffres du chômage, des finances publiques et des inégalités ne plaide pas en faveur de la politique économique conduite par le gouvernement depuis cinq ans. Le choix du gouvernement a été de favoriser l’offre et les entreprises plutôt que les ménages, en se concentrant sur la compétitivité-prix – via le CICE (Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi) et le Pacte de responsabilité – et la restauration du taux de marge des entreprises. Conséquence de cette politique : le pouvoir d’achat par ménage en 2016 est inférieur de 350 euros par rapport à son niveau de 2010.

Quant au chômage, il a crû de manière dramatique (entre 2008 et 2012, le nombre de chômeurs a augmenté de 751 000 personnes ; entre 2012 et 2016, de 194 000 chômeurs supplémentaires). La politique de l’emploi du gouvernement est un échec, la France compterait fin 2016 plus de 6 millions de personnes fragilisées vis-à-vis de l’emploi (temps partiel subi, chômeurs découragés, personnes en sous-emploi etc.).

Face à cette situation, le gouvernement actuel – comme ses prédécesseurs depuis quarante ans – n’a cessé de miser sur le retour de la croissance. Or la croissance que nous avons connue durant les Trente Glorieuses, autour de 5 % par an, ne reviendra pas. Cela soulève de nombreux défis. Comment réduire le taux de chômage ou le niveau de la dette ? Mais aussi, comment améliorer l’utilité sociale et écologique de la production, comment créer des emplois, comment améliorer la qualité du travail ? Comment promouvoir un modèle de développement plus sobre et plus convivial ?

D’autre part, sur le plan climatique, ces dernières années ont été les plus chaudes jamais enregistrées. Chacun sait aujourd’hui que ce réchauffement est lié aux activités humaines et à l’émission de gaz à effet de serre (GES). Les impacts de cette évolution sont déjà perceptibles sur notre territoire : sécheresses, déplacement de certaines espèces animales et végétales, inondations, etc. Notre modèle de développement épuise les ressources naturelles, relègue une partie de l’humanité dans les marges, augmente les pollutions et accélère le réchauffement. Nous devons en sortir au plus vite !

Pour lutter contre le réchauffement climatique et pour réduire le chômage de masse dans notre pays, pour éviter aux pays en voie de développement d’être durablement réduits au rôle d’« usines du monde », la relocalisation et la transition écologique de notre économie sont deux pistes majeures prônées par les écologistes. Mais il faut aussi examiner la place du travail et de l’activité dans notre société, face à l’automatisation et aux profondes transformations dans l’organisation du travail.

Enfin, dans le contexte des crises actuelles, les écologistes ne se reconnaissent pas dans le discours libéral sur la dette publique qui présente l’austérité et la réduction de la dépense publique comme les seules solutions pertinentes. Pour les écologistes, qui raisonnent sur le long terme, il est certes important de consolider nos finances et de maîtriser l’endettement privé. Mais pas à n’importe quel prix humain ni au détriment des plus faibles.

Pour transformer l’économie, réduire nos émissions de gaz à effet de serre, accompagner les changements sociaux, réduire la pauvreté et les inégalités ou encore protéger la biodiversité, il est indispensable de prévoir et de planifier. La réduction brutale de la dette paralyse toute capacité d’agir, d’influer sur le cours des choses. Une politique volontariste est nécessaire, un État stratège face aux lobbys et aux puissances financières qui refusent de prendre le virage d’une société post-croissance.

 

Sommaire de la première partie. Vers une société post-croissance

  1. Une économie résiliente au service de l’humain et du vivant dans le respect de leur environnement
  2. Réinventer le travail et lutter contre le chômage
  3. La réforme de l’entreprise autour du projet de création collective, de la promotion de l’entreprise citoyenne et de la lutte contre les discriminations
  4. Libérer l’économie de sa financiarisation
  5. Donner du sens à notre politique économique au service de la transition écologique et de la protection des citoyen.ne.s
  6. Un nouvel art de vivre au temps de l’Anthropocène