Jean-Claude Juncker, le nouveau président de la Commission européenne, vient d’annoncer aujourd’hui la répartition des portefeuilles au sein de sa nouvelle équipe. Ce résultat est le fruit de plusieurs mois de négociations entre M. Juncker et les États membres de l’UE. Le Parlement européen organisera ensuite entre le 29 septembre et le 3 octobre prochains les auditions des candidats commissaires avant d’approuver ou non en séance plénière en octobre cette nouvelle Commission, qui pourra alors entrer en fonction le 1er novembre.

Les eurodéputé-e-s Europe Ecologie au Parlement européen observent et saluent une plus grande politisation des enjeux autour de cette nouvelle Commission, M. Juncker ayant réussi à convaincre les Etats membres d’envoyer aux postes de commissaires des candidates et des candidats expérimentés, notamment d’anciens premiers ministres. Les primaires européennes auront permis au Parlement d’imposer le Président de la Commission européenne au Chefs d’état et de gouvernement. Mais cette avancée, proposée par le groupe des Verts, n’est pas suffisante. La composition de la nouvelle Commission montre à l’évidence que M. Juncker a eu les mains liées pour mettre en place une équipe cohérente capable de relever les grands défis de cette mandature, la crise sociale et économique ainsi que le réchauffement climatique.

La composition de l’équipe et l’attribution des portefeuilles, multipliant les signaux négatifs, nous laissent très circonspects. Tout d’abord la nouvelle équipe compte neuf femmes sur 28, donc moins que la Commission Barroso sortante. Depuis 1957, l’Europe reste malheureusement d’abord et avant tout l’affaire de ces messieurs. Jean-Claude Juncker aurait du appliquer la stricte parité à son équipe. Ensuite, la fusion des portefeuilles du climat et de l’énergie, donnés de plus à l’Espagnol Miguel Arias Canete, homme politique conservateur désormais célèbre pour ses propos sexistes, en éventuel conflit d’intérêt avec ses diverses participations au sein d’une entreprise pétrolière, est un très mauvais signal envoyé à tous les défenseurs de l’environnement, notamment dans la perspective du futur sommet climat à Paris l’année prochaine. Donner également le portefeuille essentiel de la régulation de la finance à Jonathan Hill, un néolibéral britannique, n’est vraiment pas de bon augure, de même que d’attribuer au français Pierre Moscovici, ancien ministre de l’économie, la charge de la fiscalité alors qu’il n’a eu de cesse de saper lorsqu’il était à Bercy le projet de taxe sur les transactions financières. Nous attendons du nouveau Commissaire français des initiatives fortes en matière de budget et de fiscalité (fiscalité écologique, TTF) pour rompre ainsi avec les positions et pratiques françaises conservatrices de ces dernières années.

D’autres éléments sont à déplorer, comme l’attribution du portefeuille de l’agriculture à Phill Hogan, actuel ministre irlandais de l’environnement ayant plus à cœur de défendre les OGM que l’acriculture bio, ou enfin l’absence d’une personnalité écologiste au sein de cette nouvelle équipe. Bref une nouvelle Commission néolibérale et productiviste qui ne laisse pas entrevoir de rupture par rapport à la précédente Commission Barroso. Les auditions seront donc un moment clé de clarification des portefeuilles, des projets des différents Commissaires et de la feuille de route de la nouvelle Commission.

 

+ Lire l’interpellation de Karima Delli sur l’aspect non-paritaire de cette commission européenne