Contribution – Document de travail
de la Commission 2.0 et du bureau exécutif

En bref

Ces dernières années, de nouveaux défis liés à l’arrivée de l’informatique et d’internet ont émergé. Les usages de l’informatique aujourd’hui sont contrôlés par les grandes firmes privées qui souhaitent restreindre nos libertés individuelles, et dont les objectifs sont que nous utilisions nos outils, et non que ces outils nous servent à partager information, savoirs, connaissances. Encore moins pour que nous soyons autonomes et critiques envers l’informatique et les usages communément utilisés : mails, Facebook, Youtube, etc.

Pourtant, l’informatique et internet peuvent être des outils au service de l’humanité, avec une possibilité de communication et d’usages très horizontale, alors que ces firmes cherchent au contraires à rassembler ce pouvoir dans une logique très pyramidale.

De plus, l’impact sur l’environnement est conséquent, entraînant une augmentation forte de la consommation de ressources, tant énergétique que matérielle (entre 20 et 50% de la consommation énergétique mondiale en 2030)

Avec des emplois de plus en plus segmentés, nous perdons le sens de notre travail, de ce que nous fabriquons et vendons, de pourquoi nous produisons. Cela entraîne la sur-production que nous connaissons, destructrice pour la planète, car si chacun de nous savait exactement ce que nous produisons et pourquoi, nous pourrions ne pas avoir autant d’objets et d’usages inutiles. Cette segmentation du travail, qui permet une division efficace, est faite pour que les tâches puissent être automatisables, et donc réalisées à terme par des robots, et non des êtres humains.

La mutation extrêmement rapide de mode de vie entraîne des pertes de repères pour une part grandissante de la population, et de fortes difficultés d’adaptation. Par ailleurs, le développement récent de l’informatique et autres sciences associées posent de forts enjeux éthiques : des robots sexuels aux robots tueurs ou l’utilisation d’algorithmes pour l’utilisation des armes de guerre, nous devons cadrer la recherche, le commerce et l’usage de ces nouvelles technologies. Plus loin encore, le « rêve de la Silicon Valley » de transformer l’humain, à travers des puces dans le cerveau, l’allongement de la durée de la vie, etc, s’ils ne sont pas encore réalité, font l’objet d’immenses dépenses de recherche et d’innovation. Face au projet transhumaniste, les écologistes réaffirment le respect de l’humain et du vivant.

Pour les écologistes, une régulation politique nécessaire :

  • Une information claire et transparente des citoyen.nes pour conscientiser les enjeux et permettre un esprit critique face à la capacité de communication des multinationales ;
  • Réaffirmer le rôle des institutions (État, UE, Régions) comme régulatrices, garantes de la sécurité, de l’équilibre face aux grandes firmes multinationales ;
  • Reprendre en mains l’éthique de nos échanges par l’état et les citoyen.nes ;
  • Ouvrir la recherche publique ;
  • Favoriser les données ouvertes, les licences libres.

Les actions majeures et urgentes écologistes sont :

  • Limiter le risque environnemental
  • Garantir les communs et les libertés individuelles
  • Limiter la puissance des GAFAM et BATX et rendre au citoyen.nes et aux institutions leurs rôles de régulateurs

Introduction

Les écologistes ont depuis leur création adopté une approche critique du progrès technique : transformée en boussole de l’humanité, la Technique peut être un danger pour la démocratie et le vivre-ensemble, ainsi que l’ont souligné Hannah Arendt, Theodor Adorno, Jacques Ellul et tant d’autres. La Technique comme indicateur unique de progrès met en péril la planète et l’humanité. Outre les conséquences environnementales directes telles que la consommation des ressources planétaires ou la création de dangers profonds comme le nucléaire civil et pis encore militaire, la Technique amène une vision techniciste du monde, qui s’en retrouve appauvrie et matérialiste, plutôt qu’une pensée philosophique, humaniste, artistique, … ou écologique (prise en compte de notre environnement et des écosystèmes qui nous entourent).

Le progrès technique nécessite également l’adaptation continue de nos modes de pensée, de réflexion, puis de production et de consommation. Nous devons nous « adapter » de plus à plus vite à toute sorte d’outils, laissant de côté une part de plus en plus importante de la population, accroissant ainsi les inégalités.

Ces dernières années, de nouveaux défis ont émergé :

  • l’emploi a progressivement remplacé le travail (en étant employé.es dans une entreprise, mais sans effectuer de travail porteur de sens, en sachant ce que nous fabriquons ou créons dans sa globalité), et plus généralement nous perdons le sens lié au travail : les humains sont dépossédés du travail au profit d’activités micro-contrôlées, sans vision et capacité d’action autonome. Dans ce contexte, la Technique ne sert que la productivité des entreprises, qui dans leur logique de profit laissent de côté un nombre grandissant de personnes, augmentant le chômage de masse que nous connaissons. Le revenu universel d’existence et la diminution du temps de travail ne suffisent pas pour gérer cet état de fait. (pour le coup, c’est moi qui ait une divergence de fond : si, le revenu d’existence est une solution, car il permet de refuser des emplois qui n’ont pas de sens)
  • l’explosion des besoins en composants électroniques nous questionne sur le pillage des ressources nécessaires (métaux et terres rares, silice) et sur la dépendance des technologies dites innovantes à ces ressources finies ;
  • les moyens de télécommunication de plus en plus perfectionnés et généralisés, possèdent des qualités d’interconnexion très fortes, mais sont aussi le support d’une intrusion de plus en plus importante dans nos vies privées. Ces intrusions sont imposées par le modèle économique des Gafam (captation de l’attention), les états ne sont pas maîtres du jeu, Internet et le Web doivent rester des biens communs et la société doit garantir une gouvernance ouverte échappant aux lois du marché et aux lois de surveillance totalitaire.
  • La communication sur l’innovation permanente constituée par des « Intelligences Artificielles » qui se substitueraient aux fonctions cognitives de tout un chacun démontre des fantasmes de contrôle des émotions, des personnes, des pulsions (d’achat), etc. La société doit s’approprier cette question et ne pas la laisser gouvernée par la « loi du marché ».

Dans le cadre de notre travail programmatique et de prospective, nous souhaitons nous réapproprier ces enjeux afin de formuler une plateforme complète de propositions qui auront fait l’objet d’un travail mobilisant l’ensemble du mouvement.

Les diverses notions complexes, les faits et études contradictoires, nous amènent à vous formuler une première contribution écrite, prise en charge conjointement par le Bureau exécutif et la commission Partage 2.0, qui sera suivie de travaux et d’ateliers permettant d’aboutir à une motion ou des motions thématiques présentées au Conseil fédéral à l’automne prochain.

Version complète de la contribution :
https://www.eelv.fr/contribution-automatisation-intelligence-artificielle-transhumanisme/
ou :
https://lc.cx/dNae

 

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thumbnail of contribution-intellignece-arificielle-CF-2018031718

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