La qualité des enseignant-e-s et des innovations pédagogiques sont l’un des principaux leviers d’amélioration de l’efficacité des systèmes d’éducation. Les plus performants d’entre eux l’ont tous mis au cœur de leurs préoccupations. Aujourd’hui, la France s’engage dans une réforme importante de la formation des enseignant-e-s. Nos attentes sont fortes, le résultat risque de nécessiter du réalisme.

Le projet de loi d’orientation et de programmation pour la refondation de l’école de la République crée les Ecoles Supérieures du Professorat et de l’Education (ESPE) qui, dès la rentrée scolaire 2013, concrétiseront la réforme de la formation initiale et continue des enseignants (27 000 postes). Il donne la priorité au premier degré en destinant 14 000 postes au développement de l’accueil des enfants de moins de trois ans en faveur de l’objectif qu’il y ait « plus de maîtres que de classes ».

Dans le second degré, 7000 postes seront créés en priorité pour la mise en place de dispositifs pédagogiques adaptés à la diversité des publics. Enfin, 6000 emplois permettront d’offrir de meilleures conditions de scolarisation à tous les élèves.

Mais la quantité n’est rien sans réforme profonde des pratiques. Nous sommes satisfaits du changement de paradigme opéré initialement dans le diagnostic du ministère de l’Education nationale. Nous soutenons la volonté de réforme même si les résistances sont nombreuses.

Le nombre de postes ouverts aux concours externes enseignant en 2013 pour accroître l’encadrement scolaire et l’effort réalisé pour le pré-recrutement dans l’enseignement sont des signaux forts en faveur d’une meilleure approche.

Cependant le métier d’enseignant et les parcours de recrutement et de formation sont des enjeux stratégiques de transformation du système éducatif. Comment former et accompagner les futur-e-s enseignant-e-s ? Comment se former tout au long de sa carrière et de sa vie ? Les questions du développement professionnel et de la formation continue, de la mobilité professionnelle, sont des enjeux majeurs. La qualité de la formation, les contenus, l’échange de la pratique et une analyse permanente des pratiques professionnelles sont indispensables. La face à face frontal enseignant/classe doit être impérativement remis en cause.

Nous souhaitons que la formation continue des enseignants soit renforcée, même si les temps de formation doivent se dérouler sur d’autres moments que les cours… Nous insistons fortement sur l’articulation entre formation initiale et continue.

Les futures ESPE sont à inventer ! A nous de faire des propositions et nous le ferons…

Il nous incombera de peser fortement sur cette nouvelle conception de la formation des enseignant-e-s, avec plus de coopération, de travail en équipe pour adultes et avec les apprenants. Que la coopération remplace la compétition.

La place des collectivités locales dans la politique éducative connaît une véritable mutation. C’est par la mobilisation concertée de tous les acteurs que doivent émerger des nouvelles pratiques, de nouvelles concertations.

Avec ce constat, nous aurions souhaité que les Projets éducatifs de territoire (PEDT) figurent à l’article premier de la loi sur l’Ecole ! Nous en ferons la proposition.

Le projet de loi et la question des « rythmes scolaires » mettent en avant l’importante et nécessaire articulation entre l’Etat et les collectivités locales sur tous les enjeux éducatifs. Nous demandons une véritable articulation structurante entre l’Acte III de la décentralisation et le projet de loi d’orientation et de programmation pour la refondation de l’école de la République. Avec du souffle, d’autres visions, et pas seulement les valeurs de Ferry. Ajoutons-y Freinet, Montessori et les méthodes nordiques.

Allons-nous y parvenir ?

Les collectivités locales, notamment les communes, s’impliquent de plus en plus dans la réussite scolaire. L’éducation est une mission de plus en plus partagée. Le rôle des collectivités territoriales doit être impérativement renforcé mais dans le sens de la réforme.

Cette refonte ne pourra se faire sans l’adhésion et l’engagement des collectivités même si cela nécessite de changer des habitudes et induit un coût.

Pour ce faire, leur rôle devrait être mieux associé à la réflexion dans la mise en œuvre des projets. Les PEDT doivent regrouper de nombreux partenaires institutionnels, associatifs, sans oublier les directeurs et directrices et enseignant-e-s, et il faudra veiller à leur pérennité pour donner ainsi tout son sens à la réforme des rythmes. Penser aux parents, à l’éducation populaire.

Nous nous y attacherons à travers des amendements qu’il faudra hiérarchiser et bien mettre en avant si nous voulons peser. Lutter contre les conservatismes de tous ordres. La tâche sera rude mais notre motivation est immense.

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