Lionel Primault est membre de la commission logement et militant au sein du collectif Jeudi Noir.

D’après toi, faut-il préserver la vocation du crédit immobilier de France qui a vocation à favoriser l’accession sociale à la propriété ? 

Oui, sans aucun doute. Le CIF demeure le seul établissement qui accorde des crédits immobiliers aux ménages qui ne remplissent pas les conditions exigées habituellement par les banques commerciales. Le CIF a, en effet, développé une capacité d’accompagnement des ménages à revenus modestes ou irréguliers. Par la mise en œuvre d’outils adaptés (combinaisons de prêts, modulations de durée d’endettement, taux variables, etc.) il leur permet d’accéder à la propriété, même sans apport. De plus, les bénéfices de son activité sont réinvestis dans des missions sociales de lutte contre la précarité énergétique, d’aides au maintien à domicile, d’adaptation des logements au vieillissement ou au handicap. Le maillage de son réseau permet le développement de ces missions sur tout le territoire.
Cette vocation ne risque-t-elle pas de fragiliser des personnes en difficulté entrainant pour elle un risque de surendettement ? 

L’endettement immobilier est un engagement de long terme. Par conséquent, il comporte toujours une part de risque liée aux aléas que peut rencontrer l’emprunteur (chômage, maladie, divorce…), mais c’est justement le métier du CIF de savoir anticiper et gérer ces risques au plus juste. Ainsi, une baisse de revenu peut donner lieu à un rééchelonnement de la dette par un allongement de la durée d’emprunt permettant d’alléger la mensualité de remboursement ; quitte à raccourcir cette durée quelques années plus tard.
Le type de logements, souvent très périphériques et énergivores, dont les crédit accordés par cet établissement permettent la construction, ne sont-ils pas en contradiction avec les objectifs d’une société plus écologique ?

D’une part, il n’est pas certain, à profil sociologique comparable, que les clients du CIF soient plus exposés que d’autres à l’étalement urbain et la précarité énergétique. D’autre part, la cause réelle de l’étalement urbain doit être recherchée avant tout dans la flambée des prix que nous avons connue ces 10 dernières années, qui a repoussé les ménages les plus modestes et les plus précaires à la périphérie des grandes aires urbaines. Il serait tout de même paradoxal de vouloir en faire porter la responsabilité sur le CIF, sans l’action duquel la situation de ces ménages aurait été beaucoup plus difficile encore.