Europe Écologie Les Verts soutient la demande du conseil scientifique d’un dépistage massif et s’interroge sur la pénurie de tests constatée en France, contrairement à d’autres pays européens.

Il ne suffit pas seulement de saluer “la mémoire des soignants qui ont payé de leur vie leur engagement, pour sauver d’autres vies”, comme le fait le président de la République. Il ne suffit pas seulement de déclarer que “la santé n’a pas de prix.” Nous attendons du gouvernement, en cette période, qu’il garantisse les moyens nécessaires pour protéger la santé des soignant·es et de nos concitoyen·nes.

Depuis 2013, les gouvernements successifs ont réduit les stocks de précaution de masques de protection FFP2 ou de gel hydroalcoolique, mettant en danger les personnels médicaux, paramédicaux et soignants dans les hôpitaux, les médecins ou les dentistes dans leur cabinet, les aides soignant·es dans les EHPAD, les préparateurs de pharmacie, les aidants à domicile.
Le gouvernement n’a pas, au début de la crise, pris la mesure du manque de ce simple matériel, alors même que le protocole était clair pour les professionnels pour ce type de maladie : masque FFP2 pour le personnel, masque chirurgical pour les malades. Pire, par la voix de la ministre de la santé, il assure en janvier “qu’il n’y aura pas de pénurie de masques” et beaucoup d’interventions suivantes minimisent cette pénurie.
Le ministre de la Santé actuel indique désormais clairement que nous sommes confrontés à un manque de production pour les soignants, le besoin étant établi à 40 millions par semaine, la capacité de production  française n’étant que de 8 millions par semaine et la possibilité d’approvisionnement au niveau international étant très incertaine au vu des demandes de tous les pays. 

Aujourd’hui, les soignant·s manquent de tout : masques, gel hydroalcoolique, surblouses, lunettes de protection, gants à manchettes longues, écouvillons pour les tests, tests… et ils sont à leur tour touchés par le Covid-19, ce qui montre la limite de la politique absurde du flux tendu généralisée, y compris dans le domaine médical.

Les personnels de santé paient le prix fort de ce manque d’anticipation et nous risquons, au moment où la pandémie sera à son pic dans notre pays, de devoir faire face à une pénurie de personnel médical et soignant.

Le gouvernement expose désormais également les salarié·es ne pouvant télétravailler à un risque sanitaire mal évalué, soumettant les  citoyen·nes à des injonctions totalement contradictoires, sommé·es à la fois de rester chez eux et de retourner travailler. Masques, gants et gels hydroalcooliques manquent également dans les entreprises pour garantir les précautions sanitaires indispensables et ne pas encourager la propagation de l’épidémie parmi ces salarié·es désormais incité·es à reprendre le travail. Et, aujourd’hui, le gouvernement n’avance aucune solution précise pour permettre aux employeurs de remplir leur obligation de résultat en matière de protection de la santé et de la sécurité des salarié·es et des agent·es concernés. Pourtant, le gouvernement encourage fortement les établissements à la reprise d’activité, exposant ainsi sciemment les salarié·es qui ne peuvent exercer leur métier en télétravail et, notamment, ceux appartenant aux professions les moins qualifiées.

La France ne semble pas mieux préparée sur la question du dépistage.  Alors même que le conseil scientifique et l’OMS recommandent un dépistage massif, Europe Écologie Les Verts s’interroge sur la pénurie de tests constatée actuellement en France, contrairement à d’autres pays européens. Nous serons particulièrement vigilants à ce que les annonces faites par le gouvernement en matière de montée en charge du nombre de tests, de 12 000 par jour actuellement à 50 000 à la fin avril, soit, a minima, suivies d’effets.

En définitive, Europe Écologie Les Verts, qui a toujours défendu le principe de précaution, constate que non seulement ce principe n’a pas été appliqué en anticipation de la crise sanitaire, mais il n’est toujours pas appliqué aujourd’hui.

Nous dénonçons  l’absence de matériel de protection sanitaire pour les soignant·es et les salarié·es contraint·es de reprendre le travail. 

Nous appelons à un renforcement immédiat de l’hôpital public et à des mesures structurelles visant à en assurer un financement pérenne.  

Nous demandons que la protection de la santé de toutes et tous soit réellement la priorité de nos politiques publiques, pendant la crise et après la crise.

Affiche © Mathieu Persan