Vendredi 14 février, le premier ministre accompagné de 4 ministres signait la nouvelle charte des engagements réciproques entre l’Etat, le Mouvement associatif, et les collectivités territoriales.

Deux élues écolos étaient à la table de signature puisque Christiane Bouchart, conseillère municipale à Lille, a signé la charte pour le RTES qu’elle préside et que Patricia Andriot, Vice présidente à l’économie sociale et solidaire de la région champagne Ardenne signait pour l’Association des Régions de France.

Ce n’est pas tout à fait un hasard si les écolos sont bien représentés à cet événement. En effet, ce travail de négociation mené depuis un an, a largement été investi par des élus de notre mouvement puisqu’ au delà de deux signataires, Marie-Christine Blandin et Philippe Meirieu ont aussi suivi ces travaux.

Notre mouvement a largement défendu une vision très rénovée des relations entre pouvoirs publics et associatifs, fondée sur la confiance, sur la reconnaissance du rôle des associations tant dans la cohésion sociale, que comme vecteur d’interpellation des politiques pour plus de transformations sociétale. Reconnaître les associations pour ce qu’elles sont au delà de ce qu’elles font.

Voici l’intervention de Patricia Andriot en réponse à la question que lui a posée l’animatrice des débats :

 

Question : Beaucoup de compétences des régions croisent les associations : formation, emploi, développement économique, transport…. Comment comptez-vous mettre en œuvre cette charte pour améliorer l’exercice de ces compétences ?

 

Michel Dinet, (Président du Conseil général de Meurthe-et-Moselle) concluait son propos introductif en citant Ariane Mouchkine* pour nous rappeler que nous sommes au début d’une histoire, au commencement* d’une histoire

 

Pour l’Association des Régions de France (ARF), je voudrais dire que la signature doit davantage représenter un commencement, un début que la formalisation a posteriori de relations existantes. Non que ces relations n’existent pas, bien au contraire, mais l’enjeu de la signature de cette charte, c’est le changement de posture dans les relations entres régions et associations. Je m’explique :

 

Sur toutes les compétences des régions que vous évoquez dans votre question, les enjeux principaux sont de deux ordres : articulation des pas de temps et articulation des lieux.

 

Articulation des pas de temps parce qu’on est là sur des compétences de développement et d’accompagnement des évolutions sociétales, il nous faut avoir une vision prospective, anticipatrice, au delà du meilleur service rendu dans le cadre du budget imparti. Au travers de politiques de formation, de développement économique, d’aménagement du territoire, nous devons préparer l’avenir, c’est à dire relever de nombreux défis (d’épuisement des ressources, d’avènement du numérique) et ce dans une période de mutation sociétale profonde, ou les repères traditionnels sont brouillés.

 

Articulation des lieux, parce que le niveau régional est celui qui relie l’échelle de territoire stratégique qui en fait sa cohésion, sa force et sa lisibilité et le niveau du bassin de vie, du vécu quotidien et citoyen pour chacun. 

 

Donc toute notre difficulté est l’appréhension de la complexité et la conciliation du court et du long terme, de l’articulation entre échelles territoriales. Or, pour appréhender cette complexité, toutes les politiques publiques sont interpellées non seulement dans leur finalité, mais également dans leur posture.  

 

Pour relever ce défi, d’autant plus complexe que le moment est à la défiance du politique, les associations jouent un rôle crucial de cohésion sociale,  souvent mal reconnu.

 

Or les associations représentent, par leur richesse et diversité, une réponse à des besoins quotidiens de chacun, mais aussi une véritable alternative citoyenne, face à la hiérarchie organisée d’un pouvoir institutionnel.

Les associations ont aussi un rôle majeur dans l’émergence d’un renouvellement du débat social pour permettre de reconfigurer un pacte social.

 

Pour l’ARF, signer cette charte est à la fois une reconnaissance réaffirmée du rôle des associations, à côté des pouvoirs publics dans la construction quotidienne du bien commun, mais elle doit être  aussi un appel collectif à dépasser les pratiques actuelles pour revisiter notre approche des politiques publiques. La signature de cette charte doit être vecteur d’innovation sociale que le politique n’inventera pas ni ne mettra en place seul.

 

* Citation d’Ariane Mouchkine, dans ses vœux pour 2014, publiés par Mediapart, et reprise par Michel Dinet : « Et surtout, surtout, disons à nos enfants qu’ils arrivent sur terre quasiment au début d’une histoire et non pas à sa fin désenchantée. Ils en sont encore aux tout premiers chapitres d’une longue et fabuleuse épopée dont  ils seront, non pas les rouages muets, mais au contraire, les inévitables auteurs. »

 

Retrouver l’intervention de Christiane Bouchart sur le site du Réseau des collectivités Territoriales pour une Economie Solidaire : http://rtes.fr/Le-RTES-signataire-de-la-Charte-d

 

Télécharger la charte des engagements réciproques entre l’Etat, le Mouvement associatif, et les collectivités territoriales : http://www.lagazettedescommunes.com/telechargements/CharteEngagementsReciproques.pdf