Quel bilan tire tu des assises de la recherche et de l’enseignement supérieur (ESR) qui se sont déroulé à Lyon le 1er octobre dernier ?

Laurent Audouin (co-responsable de la commission EELV « Enseignement supérieur et recherche – ESR ») : Le nombre de personnes et d’organisations présentes était une première satisfaction : cela démontrait que nous sommes pris au sérieux sur ces questions. L’enseignement supérieur et la recherche ont toujours intéressé les écologistes, que ce soit à cause de l’importance que nous attachons à l’émancipation des personnes, qui passe par l’accès le plus large au savoir et aux formations supérieures, ou du fait de la singularité de notre regard parfois critique sur le progrès scientifique. Mais nous n’étions pas attendu sur ces sujets, ou alors seulement sous l’angle de la critique de certaines technologies. Grâce à un travail patient ces dernières années, grâce à des prises de responsabilité (notamment dans les conseils régionaux), la pertinence des écologistes sur ces questions est désormais reconnue. Il y a une réelle attente à notre égard, et la convention a prouvé que nous pouvions y répondre : nos propositions ont été très bien reçues, les débats portant souvent sur des modalités d’application ou des points de détail, et tant la présence que le discours d’Eva Joly en clôture ont été très appréciés car ils témoignent de sa maitrise et de son engagement sur ces thématiques trop souvent délaissées. Enfin, cet événement a pu être organisé en quelques semaines avec un travail très collectif au sein de la commission, c’était un réel plaisir.

Quels sujets préoccupent en priorité les acteurs présents lors de ces assises ?

La réussite des jeunes était au coeur de nombreuses interventions. Comment garantir l’accès de tous au supérieur, comment permettre à chacun de trouver sa voie, comment étudier dans de bonnes conditions ? Le gouvernement, tout à sa frénésie de réformes, n’a rien réglé des vraies questions : les bourses restent trop rares et trop faibles, et les filières les plus élitistes, vecteurs de reproduction sociale, restent les mieux dotées tandis que l’université manque toujours cruellement de moyens. Ce manque de moyens, justement, exaspère d’autant plus universitaires et chercheurs que le gouvernement n’a cessé de multiplier les annonces faramineuses – mais jamais concrétisées. Et surtout, sous le nom pudique d’excellence, c’est une compétition et une sélection à outrance qui ont été mises en place : les moyens sont concentrés sur quelques équipes, quelques sites, alors qu’un tissu scientifique et un réseau de formation doivent être pensés comme un écosystème, un ensemble dont les interactions font la richesse et où tous les acteurs ont un rôle à jouer.

Quelles sont les propositions portées par EELV ?

L’urgence dès l’été 2012 sera de desserrer le garot budgétaire qui étouffe les équipes de recherche en revenant à des crédits récurrents et à une logique de recrutement sur des postes stables. Malgré le contexte budgétaire, c’est parfaitement possible en revenant sur la gabegie qu’est devenue le Crédit d’Impôt Recherche (plus de 5 G€ par an!). Après des années de réformes autoritaires, il faut remettre la démocratie au coeur du système : nous lancerons des états-généraux de l’ESR, avec l’engagement d’une loi remplaçant la LRU pour revenir à un fonctionnement collégial des universités et d’une réforme de l’évaluation restaurant le rôle des pairs et la transparence. Mais il ne s’agit pas seulement de réparer les dégâts causés par la droite : nous voulons mettre la formation par la recherche au centre du supérieur, développer des structures régionales fédérant les différents acteurs du supérieur, remplacer les classes préparatoires par des cursus de licence renforcés, ouvrir la recherche vers la société et les associations en soutenant les projets partenariaux. Surtout, si nous voulons que la démocratisation de l’enseignement supérieur devienne enfin une réalité, il faut donner à chaque étudiant les moyens de sa réussite : outre l’amélioration de la pédagogie et de l’encadrement, cela passe par la mise en place d’un revenu d’autonomie qui soulage les contraintes matérielles qui sont aujourd’hui la première cause d’échec.