> TRIBUNE publiée dans Libération

Pour répondre à la crise, pour lutter contre la montée de l’extrême droite, il faut développer des offres politiques originales et variées, ambitieuses et innovantes.

Une liste écologiste aux municipales à Nantes… Une surprise ? Au contraire. Il faut y voir le sens de l’histoire du mouvement écologiste, avec son projet politique singulier et des militants qui le portent de toutes leurs forces, de toute leur sincérité.

Deux listes plutôt qu’une dans une élection à deux tours, quoi de plus normal ? Nous ne sommes pas socialistes, les socialistes ne sont pas écologistes : il est naturel que nos deux offres soient présentées aux électeurs qui feront leur choix, au premier tour. Avant que ne se construise potentiellement au deuxième tour une dynamique de rassemblement.

Et pourquoi ne pas avoir opté pour l’union comme en 2001 ou 2008 ? Tout simplement parce que le contexte a évolué. Au fil du temps, et chaque échéance électorale le mesure, l’attente écologiste traverse un peu plus la société française. Il nous apparaît donc aujourd’hui naturel, comme cela a pu être le cas aux régionales de 2010, d’oser prendre le risque d’affirmer le projet écolo face aux électeurs. Car s’il y a «risque», il n’est que là : nous prenons nos responsabilités dans les urnes. À l’opposé de l’analyse frileuse de l’unité du «front républicain» pour tenter de ne pas perdre, les écologistes font le pari de faire gagner le camp des progressistes, le pari de faire gagner la gauche… avec leurs idées. Il n’y a pas de chantage dans ce choix, ni de basse manœuvre d’appareil : nous allons au combat électoral avec nos propositions et nos idéaux. Ce sont ces propositions et ces idéaux sur lesquels se prononceront les électeurs. Ce sont ces propositions et ces idéaux qui renouvelleront le projet de la gauche, et qui pourront la faire gagner.

Si le contexte a évolué, il ne se résume d’ailleurs pas à Notre-Dame des-Landes, même à Nantes. L’élection municipale ne se jouera pas sur cette seule question, même si elle est une lutte symbole, qui trace une vraie frontière en termes de vision du développement et d’aménagement du territoire. Qu’on fasse confiance aux électeurs : ils savent évidemment nos convictions sur ce projet d’aéroport, mais ils attendent avec exigence nos réponses sur l’urbanisme, le logement, l’économie, l’emploi, la démocratie locale, la vie sociale et culturelle… Autant de thèmes sur lesquels Pascale Chiron et son équipe apporteront des propositions originales, dans un projet qui ne sera pas celui des socialistes. Ceux-ci revendiquent leur engagement sur des thèmes écologistes : nous le leur confirmons, et c’est bien pour cela que nous avons bien travaillé ensemble, autour de Jean-Marc Ayrault, depuis 2001. Mais il nous apparaît que nous sommes au-delà porteurs, et c’est bien normal, d’un projet de société tout entier, profondément écologiste. Et c’est lui que nous voulons promouvoir.

Les écologistes de Nantes, comme dans la plupart des grandes villes de France, choisissent, en responsabilité, une autonomie positive, une autonomie ouverte en construisant des listes écologistes et citoyennes. Non pas par défiance des socialistes, ni face aux socialistes, mais face aux citoyens. Pour répondre à la crise, pour répliquer à la défiance des citoyens face au politique, pour lutter contre la montée de l’extrême droite, il faut développer des offres politiques originales et variées, ambitieuses et innovantes, et les mettre en débat public. Les écologistes sont décidés à peser de toutes leurs convictions dans ce combat démocratique.