Après la démission de Jérôme Cahuzac et le remaniement ministériel qui s’en est suivi, depuis le 19 mars dernier la formation professionnelle et l’apprentissage n’ont plus de ministre. On peut comprendre le souci du gouvernement de ne pas précipiter une nomination de circonstance sur un secteur aussi essentiel, mais il est évident que la vacance actuelle du ministère en charge de la formation professionnelle et de l’apprentissage ne peut pas durer.

C’est François Hollande, le président de la République lui-même, qui a souligné l’urgence de la réforme de la formation professionnelle : le 4 mars, le Président a annoncé qu’un projet de loi était en préparation et serait prêt d’ici à la fin de l’année. Il est difficile d’imaginer que l’élaboration d’un texte ambitieux soit possible sans l’autorité d’un ministre spécialement dédié à cette mission.

Les enjeux d’une réforme en profondeur de la formation professionnelle sont évidemment de première importance : il s’agit de construire une réponse qualitative et durable aux problématiques de qualification et de formation, qui empêchent l’accès à l’emploi de nombreuses personnes, en particulier parmi les plus jeunes et les plus défavorisés, dans notre pays. Il s’agit de mettre en place une clarification indispensable pour que l’accès à la formation professionnelle ne soit plus perçue comme un parcours du combattant. Il s’agit de faire du droit à la formation tout au long de la vie une réalité pour toutes et tous. Il s’agit d’accompagner la mise en place de “services publics régionaux de la formation” garantissant de véritables mises en cohérence territoriale. Il s’agit de promouvoir, de manière raisonnée et équilibrée, l’apprentissage pour en faire une véritable filière de formation au service de la promotion sociale et professionnelle comme des secteurs en tension de notre économie… Il s’agit aussi d’accompagner, par un effort de formation et d’innovation formative sans précédent, la nécessaire transition écologique de notre économie. Il s’agit, enfin, de donner un signe fort de confiance du gouvernement de la France dans la principale richesse de notre pays : les hommes et les femmes qui, par la formation tout au long de la vie, peuvent répondre aux enjeux d’aujourd’hui.

Il faut absolument un ministre de la formation professionnelle et de l’apprentissage. Il le faut car il y a là un enjeu économique et social de première importance dans la période de crise que nous traversons. Le ministre du Travail, de l’Emploi et du Dialogue social a déjà fort à faire. Le monde de la formation ne comprendrait pas qu’on le charge d’une tâche nouvelle qui, plus de 40 ans après les bases jetées par Jacques Delors et si peu prolongées depuis, reste fondatrice pour la gauche et les écologistes : la formation des femmes et des hommes pour une économie plus adaptée, un monde plus juste, une espérance sociale mieux partagée.

Jean-Philippe MAGNEN (vice-président EELV de la Région Pays de la Loire délégué à la formation professionnelle, l’emploi et les métiers de demain et porte-parole national)

Philippe MEIRIEU (vice-président EELV de la Région Rhône-Alpes délégué à la Formation tout au long de la vie et président du Conseil Fédéral EELV)

Yanic SOUBIEN (vice-président EELV de la Région Basse-Normandie délégué à la formation tout au long de la vie, à l’emploi et à l’apprentissage)