Selon la Commission européenne, il n’est pas utile d’adopter davantage de lois environnementales sur l’exploration du gaz de schiste et la fracturation hydraulique tant qu’elle n’aura pas atteint l’étape de la production « de masse ». Pour les eurodéputés écologistes, cette annonce ne prend pas en compte les inquiétudes citoyennes et le besoin de participation publique dans les pays européens. Ils l’ont fait savoir dans un courrier adressé à Günther Oettinger, le commissaire en charge de l’énergie.

Doit-on attendre que le désastre environnemental ait lieu pour agir au niveau européen ? C’est apparemment l’avis derrière lequel s’est rangée la Commission européenne. Selon les conclusions d’une étude menée par l’exécutif dans seulement quatre pays (Pologne, France, Allemagne et Suède) et rendue publique le 27 janvier dernier, rien ne presse : les Etats-membres peuvent attendre que l’exploitation des gisements de gaz et huiles de schiste dans les Etats-membres devienne massive avant de s’inquiéter de ses conséquences environnementales.

Déjà soumise à des réglementations nationales et européennes (comme la directive Eau et Sols, voir la Note des eurodéputés EELV « Non au gaz de schiste en Europe »), la Commission européenne estime que l’activité liée à ce gaz naturel non conventionnel est encore « trop peu développée pour justifier l’élaboration d’une règlementation spécifique ». De quoi réjouir les entreprises pétrolières qui peuvent continuer à explorer les sous-sols européens à la recherche du fameux gaz… et utilisant d’ores et déjà la fracturation hydraulique.

Scénario américain

Réagissant à cette annonce, les eurodéputés du groupe écologiste ont adressé une lettre au commissaire en charge des questions énergétiques, Günther Oettinger. Ils demandent au contraire, et une nouvelle fois, que des propositions législatives soient rédigées rapidement sur ce sujet afin que ne soit pas ignoré le principe de précaution… et que l’exécutif européen ne reste pas sourd aux inquiétudes citoyennes.

Outre-Atlantique, il est déjà trop tard : « Le Commissaire Oettinger devrait s’appuyer sur l’expérience des Etats-Unis où de très nombreux rapports mettent en lumière les impacts désastreux de l’exploitation du gaz de schiste sur l’environnement, les ressources en eau et les émissions de gaz carbonique, estime José Bové. Le commissaire doit défendre les intérêts des citoyens européens, et dans ce but, modifier la législation européenne. »

Lire la lettre signée par José Bové, Michèle Rivasi, Sandrine Bélier et Yannick Jadot (en anglais) sur Europeecologie.eu.