1ère séance : Questions au gouvernement ; Ratification du traité sur la stabilité au sein de l’union européenne ; Création des emplois d’avenir.

> retrouvez l’intervention de Barbara Pompili en vidéo (séance du 9 octobre)

 

Monsieur le Président,

Monsieur le ministre,

Mes chers collègues,

 

Nous arrivons donc au terme d’un débat parlementaire qui aura fait mentir les Cassandre: on nous avait promis un débat caricatural et, globalement, la tenue des échanges aura été conforme aux enjeux.

On nous avait annoncé une explosion de la majorité sur ce texte : il n’en aura rien été.

La caricature, elle a été recherchée tant par des opposants farouches à ce traité que par certains de ses partisans. Disons-le tout net : ces approches excessives de notre débat venaient le plus souvent de l’extérieur de cet hémicycle. Certains semblent ne toujours pas avoir dépassé le débat de 2005. Cette tentation de l’escalade a été un échec, et c’est tant mieux. Car malgré ces tentatives, force est de constater qu’ont pu s’exprimer, dans cette enceinte, toutes les nuances de la vie politique : c’est la force du Parlement. De cette capacité de notre Assemblée à faire écho à toutes les sensibilités et tous les points de vue qui traversent la société française, nous devons nous réjouir, car elle est la condition d’une réelle et pleine démocratie.

Nous avons donc entendu s’exprimer ici les partisans d’un oui sans réserve au traité négocié en mars dernier. Venant de nos collègues UMP, on n’en attendait pas moins – même si la discipline de fer qui sous-tend le texte qui nous est proposé tranche avec le laxisme budgétaire et l’irresponsabilité devant la dette qui ont caractérisé le quinquennat précédent. Le problème – notre problème- c’est que nous ne pouvons nous contenter de cette vision de la vie économique frappée au coin de la culpabilité et de l’expiation des fautes issues du passé. Ce qui se passe aujourd’hui en Grèce, nous faire réfléchir : l’appel à la raison financière et budgétaire ne peut pas sonner comme une condamnation des peuples. Ou alors, l’Europe s’y perdra.

C’est d’ailleurs au nom de cette souffrance des peuples que nous avons entendu ici les partisans d’un non absolu au traité : un non qui sonne comme un non à l’Europe, tant il est devenu systématique. Ce refus de toute convergence budgétaire et de toute idée d’intégration n’est pas compatible avec l’engagement européen des écologistes. Parce que l’absence de cohérence mine l’Euro, nous avons besoin de plus d’Europe, mais une Europe qui met en commun et non qui fonctionne sur la méfiance mutuelle.

Nous avons, dans ce débat parlementaire, entendu le oui de raison exprimé par nos collègues de la majorité qui ont préféré, pour reprendre la juste expression du président Schwartzenberg, juger le contexte plutôt que le texte. Nous ne les avons pas suivis sur cette voie. Parce que même si nous reconnaissons la nouvelle donne créée par la nouvelle présidence française et la dynamique enclenchée depuis le sommet de juin, nous ne pouvons pas ignorer la réalité : aujourd’hui même, le FMI  pointe un risque de récession mondiale. Se fixer, comme le fait ce traité, des horizons uniquement basés sur les déficits budgétaires publics ne nous paraît pas la manière la plus efficace pour répondre à cette crise.

Voilà de quelle analyse, de  quelles convictions mais aussi de quels doutes vient le non des écologistes. Cette parole d’exigence vis-à-vis de l’Europe comme de nous-mêmes, nous l’avons portée, avec mes collègues qui ont pris part aux différents débats de ces derniers jours, avec conviction, mais aussi avec humilité. Je tiens d’ailleurs à dire ici ma satisfaction d’avoir vu des député-e-s écologistes assumer leurs doutes, leurs contradictions parfois, sans jamais céder à la facilité des querelles internes et des mises en cause auxquelles d’autres n’ont pas su résister. Les député-e-s écologistes vont donc majoritairement voter contre ce texte. Parce que les critiques que nous formulions à son endroit en mars dernier n’ont pas varié. Ce traité était inutile, il est devenu, au regard des dernières avancées obtenues sous impulsion française en grande partie caduc.

Mais ce traité s’appliquera, et nous en prendrons acte. Parce que c’est aussi notre responsabilité : agir en partenaires de la majorité pour mettre en œuvre le changement – y compris en Europe, y compris sur l’Europe. Ce Traité y aide-t-il ? Nous ne le croyons pas. L’empêche-t-il ? Non plus.

L’essentiel désormais, c’est ce que nous ferons ensemble pour remettre nos finances publiques sur la voie de la raison et pour recréer la confiance entre les Européens et l’Europe – et là, ce sera le résultat de choix politiques, et non de la contrainte imposée par un quelconque texte.

Croyez-moi, à ces rendez-vous là, solidaires, exigeants et audacieux, les écologistes seront présents.