Le nucléaire s’est toujours appuyé sur deux mythes fondateurs.

Le mythe d’une énergie sûre, d’abord. L’accident de Tchernobyl en 1986 et la catastrophe de Fukushima, dont nous commémorons les cinq ans, sont deux exemples parmi d’autres du danger que fait courir le nucléaire aux populations. Des risques encore en cours : certaines zones seront en quarantaine pour les prochaines milliers d’années, sans parler des déversements toxiques quotidiens aux larges du Japon menaçant l’écosystème.

Les accidents répétés à Fessenheim -centrale bâtie sur la plus grande nappe phréatique d’Europe- nous menacent directement. Pour le président de l’Autorité de Sûreté Nucléaire, un accident grave de type Fukushima est aujourd’hui possible en France.

Le mythe d’une énergie bon marché, ensuite. Les coûts continuent d’exploser et la mystification éclate au grand jour. Comme les difficultés financières « du fleuron » Areva l’ont montré, le nucléaire menace aujourd’hui directement la survie d’EDF. La cour des comptes estime à 100 milliards d’euros les coûts de maintenance des 58 réacteurs d’ici 2030 ; un coût à minima, à moins de rogner sur la sécurité des Français. Thomas Piquemal, directeur financier d’EDF, a choisi de claquer la porte de son employeur plutôt que d’avaliser les investissements de l’entreprise dans deux EPR en Grande-Bretagne. Chacun connaît l’ampleur du fiasco de l’EPR de Flamanville, dépassant déjà les 10 milliards alors qu’il était initialement évalué à 3,5 milliards, ce à quoi s’ajoutent les malfaçons, à l’image de sa cuve.

La nécessaire transition énergétique implique de dessiner un nouveau modèle. Le pragmatisme et le réalisme économique aussi. Prolonger la durée de vie de nos centrales serait un acharnement thérapeutique pour l’un des derniers vestiges productivistes du XXe siècle. Les systèmes énergétiques du XXIe siècle seront construits par la sobriété et l’efficacité énergétique et les énergies renouvelables, ce qui permettra de créer des dizaines de milliers d’emplois.

Il est temps de faire le choix de l’avenir.

David Cormand, secrétaire national d’EELV 

Jean Desessard et Elise Lowy, secrétaires nationaux adjoint-es.