Interview de Pascal Canfin, Ministre délégué chargé du développement

EELV : Lundi 5 novembre prochain aura lieu la première réunion des Assises du développement et de la solidarité internationale. Pourquoi lancez-vous ce processus ?

Débattre largement de notre politique d’aide au développement est un engagement que le Président de la République a pris devant les Français. Ces assises en sont la traduction concrète. Jean Marc Ayrault m’a chargé de les piloter en liaison avec Laurent Fabius. Il s’agit de mettre autour d’une même table tous les acteurs du développement et de la solidarité internationale : Etat, ONG, parlementaires nationaux et européens, élu-e-s territoriaux, syndicats, entreprises, fondations, chercheurs et bien sûr partenaires du Sud. Que l’on ne s’y trompe pas, il ne s’agit pas de dicter les feuilles de route des acteurs non gouvernementaux qui travaillent pour le développement et la solidarité internationale, il s’agit de réfléchir ensemble, mais chacun à sa place.  Un dialogue d’une telle envergure n’a pas eu lieu depuis 15 ans !

 

EELV : quels sont les objectifs de ces Assises ?

Les assises se dérouleront sur quatre mois de novembre à début mars. L’ambition est de bâtir ensemble la rénovation de la politique d’aide au développement de la France. Ce temps long permet d’aborder les thématiques en profondeur, la méthode tranche avec les habitudes de l’ancienne majorité : une grande messe médiatique et puis fermez le ban ! Là, au contraire, le dialogue dure plusieurs mois et un événement au mois de mars 2013 permettra de restituer les conclusions concrètes de la concertation.

 

EELV : quels sont les sujets sur la table ?

Les assises sont organisées en chantiers. Chaque chantier donnera lieu à trois tables rondes. Les discussions renvoient aux grandes questions du développement :  à l’occasion de la révision en 2015 des Objectifs du Millénaire pour le Développement, comment articuler dans le monde d’aujourd’hui, et de demain, la lutte contre la pauvreté et le développement durable sur une planète aux ressources naturelles limitées. Alors que les politiques de développement restent mal connues des Françaises et des Français, comment assurer la transparence et la capacité d’évaluation des actions que la France met en place dans ce domaine? Comment accroitre la cohérence des politiques publiques en faveur du développement, par exemple dans les politiques agricoles ou commerciales ? Comment renforcer le partenariat de l’Etat avec l’ensemble des acteurs non gouvernementaux qui travaille dans ce domaine ? Comment intégrer dans les politiques de développement les innovations technologiques ou économiques au service des populations ?

 

EELV : vous n’avez pas peur que tout cela reste des débats d’experts ?

D’abord des experts il en faut. Ils sont même indispensables au développement et à la solidarité internationale qui font appel à de nombreuses disciplines : politique, économique, sociale, environnementale, sociologique, sociétale… Mon pari est justement de faire que tout le monde participe à une même discussion. Enfin, via le site du ministère des affaires étrangères diplomatie.gouv.fr les internautes et les acteurs du développement pourront suivre les débats avec des comptes rendus réguliers et contribuer à la réflexion collective. Le développement et la solidarité internationale ont besoin du souffle et de l’intérêt des citoyens pour mieux se faire connaître et entendre.