Notre vulnérabilité croissante face aux pandémies a une première cause profonde : la destruction des habitats naturels des animaux. Avec la déforestation, l’urbanisation et l’industrialisation effrénées, nous avons offert aux virus davantage de possibilités de muter et de franchir les barrières inter-espèces jusqu’à contaminer les humains avec lesquels ils sont en contact. Le trafic d’animaux sauvages entassés dans des cages au mépris des règles d’hygiène et souvent mis en contact avec des espèces domestiques sur les lieux de vente ne fait qu’accroître ce risque. L’élevage industriel est aussi largement impliqué dans la recrudescence des pandémies car la promiscuité de milliers d’animaux facilite leur contamination à grande échelle et même la contamination des humains lorsque le virus opère une mutation (H1N1, “vache folle”, grippe porcine, etc.). De plus, les monocultures destinées à nourrir le bétail détruisent les habitats naturels de la faune sauvage et amènent celle-ci à se rapprocher des animaux domestiques. Le transport d’animaux vivants à travers la planète est ensuite un facteur majeur de maltraitance et de stress, tout en facilitant la dissémination d’agents pathogènes.

Nous devrons construire un autre mode de relation au vivant. “A la sortie de la crise sanitaire, outre la promotion d’un modèle de société résilient et solidaire, il nous faudra être vigilant·e·s à ce que les animaux ne fassent pas les frais d’une relance économique tous azimuts” alerte Manuel Leick-Jonard, co-responsable de la Commission Condition Animale d’EÉLV. 

Europe Écologie Les Verts appelle à mettre en œuvre plusieurs mesures pour éviter de nouvelles crises sanitaires liées aux animaux non humains :

●       Le renforcement des moyens de lutte contre les trafics d’espèces et le braconnage ;

●       La préservation des espaces naturels nécessaires à la faune sauvage ;

●       Un plaidoyer mondial pour mettre fin à la consommation d’animaux sauvages, en accompagnant les communautés dépendantes de la chasse de subsistance ;

●       La transition de l’élevage industriel vers un élevage paysan promouvant la diversité des races d’élevage, pour une plus grande résilience. La sélection génétique actuelle répond à une productivité de court terme qui fragilise les animaux et conduit les éleveurs à des utilisations fréquentes de vaccins et médicaments ;

●       La mise en place de mesures d’accompagnement pour une réduction par deux de la consommation carnée, notamment dans la restauration collective ;

●       La limitation drastique du transport d’animaux vivants, en commençant dans l’Union européenne par la fin du soutien à l’exportation, le développement de circuits courts d’élevage et l’interdiction de l’importation d’animaux vivants, tout en limitant le temps de transport autorisé entre les pays de l’UE.

La pandémie du coronavirus est un signal d’alarme fort qui nous alerte sur le fait que la relation de l’homme à l’animal, qu’il soit d’élevage ou sauvage, doit être revuesoulève Fiona Mille, co-responsable de la commission. Notre modèle agroalimentaire mondialisé doit également être transformé, ce qui, à l’échelle européenne, passe par la refonte de la Politique Agricole Commune. Enfin, nous devons tirer des enseignements de cette crise pour assurer une meilleure gestion de la prochaine, notamment en incluant dès le début les animaux dans les plans de gestion.