Comme le précédent, le G20 de Cannes a accouché d’une souris. Les grandes ambitions affichées par Nicolas Sarkozy se sont heurtées à la dure réalité des rapports de force mondiaux. Au g20, comme en France, les fanfaronnades n’ont jamais fait avancer les dossiers. Faut-il pour autant se réjouir de cet échec du Sarkozysme diplomatique ?

Non. En tant qu’écologistes nous connaissons l’importance cruciale  d’une meilleure « gouvernance » mondiale pour traiter les biens publics mondiaux que sont le changement climatique, le fait de nourrir 7 milliards d’êtres humains, contrôler le système financier, instaurer un système monétaire coopératif, etc… Un échec du G20 n’est pas, d’abord, pour nous, un échec de Sarkozy mais un échec des gouvernements du monde à enfin donner corps à une mondialisation politique et dépasser les souverainismes, qu’ils soient ici, en Chine ou au Brésil.

Dans le détail, certains dossiers ont fait l’objet de trop modestes avancées. Concernant la spéculation sur les matières premières agricoles, il a été certes décidé de créer une base de données pour assurer plus de transparence. Mais ce type de dispositif existe déjà dans d’autres domaines comme le pétrole et n’empêche pas la spéculation. Sur les paradis fiscaux, l’accord sur un cadre multilatéral va faciliter les accords de coopération entre les États et les paradis fiscaux. Mais ce n’est pas le saut qualitatif demandé par les ONG depuis des années : passer à des échanges automatiques d’informations. Toutefois, le fait que l’OCDE ait réintégré la Suisse sur la liste grise des paradis fiscaux permet de remettre la question sur le devant de la scène. C’est aussi un camouflet pour l’Allemagne, le Royaume Uni et la France qui ont signé ou sont en train de négocier un accord qui en échange de quelques milliards d’euros par an protège à jamais le secret bancaire en Suisse. Accord jugés contraire au droit européen il y a quelques jours par la Commission.

Enfin, les avancées vers une taxe sur les transactions financières sont limitées puisque contrairement à certaines rumeurs,  Obama n’a pas donné son accord pour une telle taxe. Mais le fait que d’autres Etats comme le Brésil rejoignent l’Europe peut contribuer à mettre une pression supplémentaire sur le Royaume Uni qui reste le point de blocage. Au Parlement européen nous nous battons pour qu’un ultimatum soit lancé au Royaume Uni sur ce sujet et qu’en cas de refus d’ici la fin de l’année, les pays de la zone euro mettent très vite en place cette taxe sous la forme d’une coopération renforcée.

Pour aller plus loin sur ce sujet:

> Des interventions sur Radio France : France InterRFI