Face à la demande de justice sociale, et après des jours silence, Emmanuel Macron a enfin pris la parole pour esquisser des réponses aux revendications des Gilets Jaunes. Mais au delà de l’exercice de communication, rien ne permet de dire que le discours d’Emmanuel Macron ramènera le calme dans le pays. Il change de ton, mais pas de fond.

Le président de la République a évoqué une colère juste pour n’en tirer aucune conséquence. Certes, il annonce une hausse du SMIC – en fait une légère augmentation de la prime d’activité – et  revient enfin en arrière sur la hausse de la CSG pénalisant les retraité-e-s. Mais il persiste sur l’ISF, et propose le retour du « travailler plus pour gagner plus ». Sa compassion sonne faux parce qu’il ne change pas le cap de sa politique.

Pour les écologistes, c’est la justice sociale et environnementale qui ramènera la paix civile, pas les belles paroles ou la charité. En juillet dernier, Emmanuel Macron proclamait devant le Parlement la nécessité d’un nouveau pacte social du 21e siècle. Les Gilets Jaunes sont nés du décalage entre les mots et les actes. En juin 2017, il s’opposait au président Trump sur la question climatique avec le discours du « make our planet great again ». On constate depuis la hausse des émissions de gaz à effets de serre, le maintien de la vente de pesticides cancérogènes, le développement de la production de cette huile de palme qui déforeste les poumons de l’humanité, le soutien à l’EPR de Flamanville, la répression violente à Bure ou encore le retour des forages et de la montagne d’or en Guyane.

L’écologie est à peine évoquée dans le discours du président alors même que la crise des gilets jaunes est une révolte sociale environnementale. A ce rythme, elle ne sera que la première d’une longue liste, si les les plus grands pollueurs, les très riches et les grandes entreprises continuent à échapper à l’impôt et à la fiscalité écologique. Les écologistes regrettent que l’occasion ne soit pas saisie pour amorcer la transition via des investissements structurants et créateurs d’emplois dans les énergies renouvelables et la rénovation thermique pour lier écologie et amélioration du niveau de vie, protection du climat et réduction des inégalités. A l’heure d’une COP 24 désertée par la France et de mobilisations citoyennes pour le climat de plus en plus importantes, cette absence de vision est une provocation pour les générations futures et les personnes déjà affectées par le dérèglement climatique.

La jeunesse, cette génération de demain, est d’ailleurs la grande oubliée de cette séquence de la part du gouvernement. Alors que des milliers de lycéen-ne-s sont mobilisé-e-s et inquiet-e-s pour leur avenir, Emmanuel Macron n’a pas eu un seul mot pour cette jeunesse qui défile dans les rues pour demander seulement le droit à un avenir digne.

Enfin, dire que c’est en ouvrant le débat sur l’immigration qu’on répondra à la demande de justice des français est particulièrement inquiétant et masque mal une tentative de diversion alors que la France est en demande de justice sociale, d’écologie et de sérénité.

Julien Bayou et Sandra Regol, porte-parole