Il y a un peu plus d’un an, Air France annonçait un nouveau plan de restructuration condamnant près de 3000 emplois. Mobilisé-e-s contre ces suppressions de postes, les salarié-e-s d’Air France réagissaient alors par une manifestation qui allait entrainer au passage les chemises de deux des cadres dirigeants délégués par l’entreprise pour les négociations.

De cet épisode, l’actualité allait garder l’image des chemises déchirées, mais de la détresse sociale des salarié-e-s, rien ou presque. Pas plus que la violence des propos des cadres à l’encontre des salarié-e-s lors des négociations.

Ce 29 novembre, la justice a tranché. Elle a choisi de condamner 2 salariés à de la prison avec sursis et une dizaine d’autres à des amendes de 500€. Il ne revient pas à un parti politique de faire acte d’ingérence dans des décisions de justice. Mais il est du devoir d’un parti politique de remettre en question le fonctionnement d’une société qui sanctionne des dégradations mineures et jamais la mise en péril de la vie de milliers de familles. « l’humiliation de cadres n’a jamais créé d’emploi, ni engendré de chiffre d’affaires », a déclaré le procureur. Doit-on en déduire que l’humiliation des travailleurs, oui ?

EELV apporte tout son soutien aux salarié-es d’Air France et tout particulièrement à ceux qui se retrouvent aujourd’hui sous le coup d’une sanction judiciaire. Face à eux, c’est tout un système qui fait bloc pour condamner toujours plus la violence contrainte, celle qui est produite par l’absence de dialogue et la sanction économique, celle qui constitue le dernier rempart avant de céder. Ce système ne connait aucune remise en question, aucune condamnation pour la minorité en col blanc des actionnaires qui, sans avoir à rendre compte de leurs décisions sur la vie de milliers de personnes, encaisse les bénéfices sans broncher.

Autre aspect de ce système : Air France connait des difficultés, Airbus envisage la suppression de plus d’un millier de postes et le gouvernement s’entête à vouloir construire un aéroport inutile sous contrat avec Vinci à Notre-Dame-des-Landes. Dans ces logiques du profit à court terme, la destruction des emplois et de la biodiversité, qui est pourtant à l’origine de 40% de l’économie mondiale, fait norme.

Pour les écologistes, il est temps de changer de système et le procès de « la chemise déchirée » est emblématique d’une France qui fonce droit dans le mur. Nous serons au côté des salariés d’Air France lors de leur appel et continuerons à œuvrer pour une autre société où le respect de la nature produit de l’activité et de l’emploi, dans le respect de chacun-e.

Julien Bayou et Sandra Regol, porte-parole nationaux