Le projet de loi Blanquer aura le mérite d’avoir rassemblé l’ensemble des syndicats de l’enseignement public, qui se mobilisent le 30 mars pour exprimer leur opposition. EELV soutient cette juste mobilisation contre un texte plus autoritaire que pédagogique.

En effet, sous l’appellation « école de la confiance », le projet de loi renforce surtout le pouvoir du ministre et ses moyens de contrôle du système éducatif :

  • en permettant un contrôle renforcé de la parole des professeurs. Là où l’on aurait pu proposer un code de déontologie, construit avec les enseignants, c’est le ministre qui va donner la bonne parole.
  • en remplaçant le CNESCO, organisme indépendant d’évaluation du système éducatif par un conseil d’évaluation directement sous son autorité
  • en plaçant également directement sous l’autorité du ministre la nomination des directeurs des instituts de formation des professeurs et le contenu de la formation
  • en donnant la possibilité de soumettre des écoles à l’autorité d’un principal de collège, mettant ainsi fin à la particularité de la fonction de directrice.eur d’école, à la fois enseignant.e et responsable administratif. On aurait aimé le contraire : permettre aux principales.aux d’être enseignants, pour affirmer la primauté de la fonction pédagogique sur la fonction administrative.

Le projet de loi présente aussi de nouvelles mesures qui risquent surtout de renforcer les inégalités sociales qui sont pourtant la principale faiblesse de notre système éducatif.

L’extension de l’obligation scolaire à 3 ans, mesure symbolique qui ne concerne qu’une infime minorité d’enfants est toutefois lourde de conséquences pour les collectivités locales qui seront désormais contraintes de financer les maternelles privées sous contrat, et de réduire de ce fait le financement de l’école publique.
La création des établissements publics internationaux, belle promesse d’une école républicaine ouverte sur l’Europe, risque de ne réserver l’accès à une formation de qualité à une petite minorité d’élève, puisque le recrutement sélectif justifiera l’absence de mixité sociale tout en mobilisant des moyens bien supérieur.s C’est l’esprit classes prépas, c’est toute la politique de ce gouvernement : donner plus à ceux qui ont déjà beaucoup.

Pour finir, les écologistes pourraient se réjouir des facilités apparemment données à l’ expérimentation. Malheureusement la formulation de la loi laisse à penser que ces expérimentations seront décidées par le ministre, et peu par les équipes pédagogiques.

Le projet de Loi du ministre Blanquer est finalement dans la continuité de ses réformes précédentes, ParcourSup et l’enseignement professionnel : une vision libérale, élitiste et autoritaire de l’éducation. Nous nous situons à l’opposé de cette conception, et continuons à défendre un projet
décentralisé, fondé sur la confiance et l’autonomie des équipes pédagogiques.
Enfin, à l’heure du défi climatique, il nous semble urgent de mettre l’écologie au cœur de l’éducation nationale, il n’y en a pas un mot dans cette loi.