Alors que s’ouvre le procès des trois personnes accusées d’«association de malfaiteurs », Europe Écologie Les Verts dénonce la surveillance et répression policière disproportionnées à l’encontre des opposant-e-s à Cigéo.

Cigéo est le projet d’enfouissement géologique des déchets nucléaires, à Bure (Meuse), mené par l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (ANDRA) : il s’agit en réalité d’une poubelle à 500 mètres de profondeur pour plus de 80 000 m3 de déchets nucléaires dont la radioactivité dangereuse durera plusieurs centaines de milliers d’années.

Ce projet dangereux et coûteux – évalué à 25 milliards d’euros – n’est pas en mesure d’apporter toutes les garanties de sûreté, notamment en cas d’accident, d’évènement géologique, d’inflammations des déchets bitumés, comme l’a relevé l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) dans un avis récent. Une thèse, appuyée notamment sur le travail des salariés de l’ANDRA, a également rappelé l’impossibilité de prouver scientifiquement la sûreté de l’installation pendant une durée aussi longue.

Mais à mesure que l’incertitude quant à la sûreté augmente, la répression s’intensifie : ce mardi 13 février, deux procès liés à la lutte contre Cigéo auront lieu au Tribunal correctionnel de Bar-le-Duc. Deux militants sont poursuivis pour avoir participé à la destruction du mur édifié par l’ANDRA dans le Bois Lejuc et le troisième est poursuivi pour… diffamation. Le 30 janvier, un militant a été condamné à un mois de prison ferme pour refus de prélèvement, alors qu’il avait été arrêté chez lui par les gendarmes à six heures du matin.

Sur place, la surveillance est permanente : contrôles incessants, prélèvements des empreintes et ADN au moindre prétexte, perquisitions, saisies des moyens de communication, poursuite pour la détention d’opinels ou de pelle à tarte, enregistrement vidéo des faits et gestes quotidiens des résident-e-s… L’acharnement de l’État et des forces de l’ordre confine à l’absurde.

Cette criminalisation du mouvement anti-Cigéo vise à intimider celles et ceux qui se battent pour leur environnement et pour l’avenir. Il est intolérable que la loi soit détournée pour construire de toutes pièces une grossière image d’organisation quasi-terroriste, alors que ce sont bien les convictions de ces militant-e-s qui sont mises sur le banc des accusés.

Europe Écologie Les verts appelle le ministre de la transition écologique et solidaire, Nicolas Hulot, qui s’était opposé à Cigéo avant de devenir ministre, à refuser ce projet démentiel. Les écologistes préfèrent le stockage en sub surface à sec, afin de nous donner le temps de trouver une solution pour neutraliser ces déchets plutôt que des les léguer à des milliers de générations à venir. Les écologistes demandent également à ce que les producteurs de ces déchets – le CEA, Areva et EDF – les reprennent et les reconditionnent, pour les rendre inertes, notamment en développant à l’échelle industrielle, un procédé de neutralisation chimique.

Alors qu’EDF réfléchit, dans la plus grande opacité, à un nouveau bassin de stockage de combustibles usés, brûlants et hautement radioactifs dans le Cher, les écologistes rappellent l’urgence de ne plus produire de déchets nucléaires. La sortie du nucléaire et la transition énergétique permettront de cesser la folie nucléaire et de créer un millions d’emplois en France.

Julien Bayou et Sandra Regol, porte-parole nationaux