La situation à – et autour de – Notre-Dame des Landes mérite d’être analysée avec attention. Si nous avons gagné du terrain ces derniers semaines, les motifs d’inquiétude demeurent.

Sur le terrain, la situation est loin d’être clarifiée. Si la décision récente du tribunal de Saint-Nazaire permettant l’expulsion des opposants occupant « sans droit ni titre » n’a pas été exécutée, la présence constante des forces de l’ordre reste un vrai et lourd problème, qui aggrave les tensions sur place.

Sur le plan juridique, le dossier est bloqué, quoiqu’en disent les pro-aéroport. En question : le non-respect de la loi sur l’eau (qui s’avère impossible, comme l’a souligné le rapport de la commission d’enquête spéciale, impossible respect de la loi sur l’Eau tel que l’exige la Commission d’enquête, qui pointe le caractère « très expérimental » des mesures compensatoires envisagées). En suspens également : l’interpellation par l’ACIPA et le Collectif des élus (CéDpa) de la Commission des Pétitions du Parlement européen, qui doit rendre sa décision au cours du premier semestre.

La mobilisation citoyenne à grandi ces derniers mois, avec pour point d’orgue la manifestation du 17 novembre sur le site. Depuis, des comités locaux se créent partout en France. Et les choses commencent enfin à bouger : le gouvernement s’est ainsi résolu à repousser d’au moins six mois les travaux de défrichement et à nommer, même si son mandat autant que ses conditions de désignation font problème, une « Commission du Dialogue ».

Le combat est-il gagné ? Sûrement pas, pas encore. Les promoteurs du projet n’ont pas désarmé, en particulier au plan local. Les méthodes inacceptables du Syndicat mixte en charge du projet, lançant aujourd’hui un marché public – noble utilisation de l’argent public ! – de prestations de lobbying au mépris de la transparence, du « dialogue » et du travail de la presse, en sont la preuve. La violence des sorties médiatiques de quelques barons locaux, grands élus socialistes n’hésitant pas à manier la caricature à l’encontre des opposants en général et d’EELV en particulier,en est une autre. Tant d’excès serait risible s’il n’était si désolant.

Le combat continue donc, et il ne faut relâcher aucun feu de la mobilisation en cours : en pleine sérénité, en nous préparant à agir dans la longue durée, en refusant de céder aux provocations de tout bord. Il nous faut continuer sans relâche à faire connaître les arguments de notre juste lutte, au niveau local, régional et national, et continuer à dénoncer la vision de l’avenir que porte le grand projet inutile de NNDL.

Jean-Philippe Magnen