EDF au Royaume-Uni : Tarifs d’achat garantis, absence d’appel d’offre, capitaux chinois… encore le scandale des énergies renouvelables ? Et non, c’est bien de nucléaire qu’il s’agit !

Au terme d’une opération de communication parfaitement orchestrée depuis deux ans, ça y est, le deal nucléaire prodigue est né.
Le gouvernement britannique et EDF auraient trouvé un accord fabuleux pour la construction de deux EPR à Hinkley Point. Garantie d’Etat, tarifs d’achat garantis au double des prix de marché (et 25% au dessus de ceux de l’éolien !) pour 25 ans, investisseurs chinois… un vrai petit miracle dont bien des industriels rêveraient ! Ceux-là mêmes à qui on vient d’expliquer que c’était impossible de les sauver…

Les termes de l’accord restent flous sur bien des points pourtant structurants et le chantier loin d’être lancé. Certes, l’industrie nucléaire étant la championne historique incontestée de la stratégie dite du pied dans la porte, cela ne surprendra personne.

Mais sur le peu de choses vraiment définies, on ne peut que s’étonner que l’ensemble des acteurs et commentateurs de cet « accord » ne voit pas le parallélisme troublant avec l’actualité énergétique européenne des dernières semaines.

On avait pourtant le sentiment que les subventions aux énergies renouvelables via des tarifs d’achat étaient une atteinte insupportable aux règles du marché, que les garanties d’Etat n’étaient plus possibles pour des industries concurrentielles ou encore que le gouvernement chinois exagérait vraiment en soutenant son industrie solaire…

Certes, comme l’a révélé la presse allemande, la Commission européenne a préféré cacher le chiffrage indécent de la réalité des subventions publiques aux énergies en Europe en plein débat sur les aides d’Etat…mais tout de même.

Aujourd’hui nous ne pouvons que rappeler aux dirigeants européens et à la Commission que les exigences à géométrie variable n’ont que trop duré. Accepter de subventionner encore et toujours une industrie cinquantenaire et s’en féliciter tout en sacrifiant l’avenir des énergies renouvelables sur l’autel du réalisme économique et du marché de l’électricité relève de la schizophrénie.

Jean-Philippe Magnen et Élise Lowy, porte-parole nationaux