Le parti vert hollandais, Groen Links (La gauche Verte) a subi un net revers lors des élections législatives anticipées du 12 septembre 2012.

Il n’a en effet obtenu que 2,3 % des voix et 4 sièges (sur 150) à l’Assemblée nationale (« Tweede Kamer »), alors qu’il avait obtenu 6,6 % des voix et 10 sièges lors des élections de 2010. Précédemment, il avait obtenu 7,3 % et 11 sièges en 1998, 10 si§ges en 2002, 5,1 % et 8 sièges en 2003 et 4,6 % et 7 sièges.en 2006.

Groen Links est l’un des grands perdants du scrutin, avec le CDA (parti démocrate chrétien longtemps au pouvoir) qui passe de 13,7 % à 8,5 % (moins 8 sièges) et, bonne nouvelle, le PPV, parti d’extrême droite xénophobe et anti-européen, conduit par Geert Wilders qui chute de 14,5 % à 10,1 % (moins 9 sièges).

Les deux grands vainqueurs du scrutin sont les partis de gouvernement historique, le VVD (libéral de droite) du Premier Ministre sortant Mark Rutte et le PvdA (travailliste) de Diederik Samsom. Le premier obtient 26,6 % et 41 sièges (contre 20,4 % et 31 sièges en 2010) et le second 24,8 % et 39 sièges (contre 19,6 % et 30 sièges en 2010.

Par contre le Parti Socialiste (SP), du « Mélenchon hollandais », Emile Roemer, très à gauche et hostile aux mesures d’austérité, longtemps en tête dans les sondages, reste finalement à 15 % et garde 15 sièges,comme en 2012.. De même le parti libéral D66 se maintient, passant même de 6,9 % à 7,9 % et de 10 à 12 députés

Ces législatives anticipées étaient importantes car révélatrices de l’état de l’opinion néerlandaise, plutôt euro-sceptique et méfiante à l’égard de Bruxelles (elle avait voté Non au référendum sur le Traité constitutionnel européen en 2005) à l’heure de la crise de l’Europe et de la zone Euro. Les Pays-Bas conservent la confiance des agences de notation comme l’Allemagne et la Finlande, par exemple, et nombreux sont ceux dans ces pays qui craignent de payer pour les pays du Sud de l’Europe en crise (Grèce, Espagne, Portugal, Italie). Ces législatives anticipées ont été provoquées par l’arrêt du soutien sans participation que le PPV d’extrême-droite apportait au gouvernement minoritaire PPV-CDA.

Le PPV a tenté de faire cette élection un référendum sur les politiques européennes et force est de constater que ce sont les partis dits « pro-européens, », (c’est à dire soutenant la construction libérale de l’Europe, les programmes d’équilibre budgétaire, de réduction de la dette, et d’austérité) qu’ils soient de droite (VVD), libéraux (D66) ou de gauche (PvdA)  qui l’ont emporté face aux « eurosceptiques » voulant limiter les transferts de souveraineté à Bruxelles et réduire les politiques d’austérité, que ce soit au niveau national ou européen. (Parti socialiste et deux partis chrétiens conservateurs), voire carrément sortir de l ‘Europe et de l’Euro (PPV d’extrême droite). Entre deux risques, les Néerlandais semblent avoir préféré le moindre et ont majoritairement voté pour des formations soutenant l’austérité. Ces formations se distinguent toutefois par la rigueur budgétaire stricte des libéraux du VVD et le souhait d’une rigueur modérée assortie d’un plan de relance de la consommation des travaillistes du PvdA. Ces deux partis formeront certainement une « grande coalition », peut-être avec l’appoint d’un 3ème parti pour s’assurer une majorité au Sénat (« élu en 2011, où Groen Links a 5 sénateurs).

Bien qu’ayant mené jusqu’au bout une dynamique campagne, Groen Links, régulièrement donné battu dans les sondages, a pâti d’une crise d’identité et de problèmes de leadership interne. Longtemps considéré comme un parti à la fois écologiste et plus à gauche que la gauche, il est apparu recentré depuis quelques années. Son soutien, en 2011, à la prolongation de la formation de la police afghane, bien que circonscrite à la région de Kunduz, a ébranlé les convictions pacifistes de militants, et le soutien récent de Groen Links, avec les formations du gouvernement de droite minoritaire et le D66, à un budget d‘austérité incluant coupes budgétaires et hausses d’impôts, a ébranlé leurs convictions sociales. Leader du parti depuis décembre 2010, Jolande Sap a été publiquement critiquée durant la campagne, notamment par le député Tofik Dibi, ce qui a donné une image de division et bien sûr nui au résultat.

Groen Links, qui a obtenu régulièrement de bons résultats depuis quinze ans, tant aux législatives qu’aux européennes (9,06 % et 3 eurodéput és en 2009), aux sénatoriales (5 sénateurs élus en 2011), aux élections municipales (8 maires et plusieurs centaines de conseillers) et provinciales (plus de 30 conseillers) a certainement les capacités de rebondir en tenant compte des raisons de ce coup d’arrêt.

 

Constantin Fedorovsky