Malgré l’arsenal législatif déjà en vigueur, les discours sur l’égalité, les grands événements gouvernementaux et la communication, l’égalité salariale femmes – hommes est aujourd’hui encore un leurre en France.

Sur le plan financier et à travail égal, les femmes sont toujours payées en moyenne 15% de moins que les hommes, soit un tout petit peu moins mal que la moyenne européenne de 16%. Ramenée à l’échelle d’une année, cette différence reviendrait à ne payer les femmes que jusqu’au 6 novembre, quand les hommes seraient effectivement payé jusqu’au 31 décembre !

Et l’inégalité salariale n’est que la partie émergée de l’iceberg d’une inégalité dans l’accès à l’emploi, à temps plein et de qualité : les fonctions fortement féminisées conservent des niveaux de rémunérations plus faibles que les fonctions fortement masculinisées.

Sur le plan sociétal, la double peine s’impose encore. Avec des congés paternités à dose homéopathique et une répartition inégale des charges domestiques et familiales aux dépens le plus souvent des femmes, les enfants restent trop souvent prétexte à une différence de traitement dans l’avancée de carrière comme de salaire.

Pourtant, la loi a évolué sur le plan du devoir d’égalité : les entreprises doivent établir un rapport de situation comparée depuis 1983, tandis que le Code du travail dispose que tous les employeurs sont obligés « de prendre en compte les objectifs en matière d’égalité professionnelle » et de «prendre les mesures permettant de les atteindre ». Il prévoit aussi la possibilité pour une entreprise de prendre des mesures temporaires au seul bénéfice des femmes visant à établir l’égalité des chances entre les femmes et les hommes. Et pourtant, ce n’est pas appliqué : à titre d’exemple, seul un tiers des entreprises publie un rapport de situation comparé.

Dans une société qui souffre des inégalités et d’une absence manifeste de volonté de les enrayer le non-respect des engagements pris en faveur de l’égalité est dangereux et contrevient au bien vivre ensemble. Quand les droits sont respectés, c’est toute la société qui en profite, pas uniquement les femmes, bien qu’elles soient majoritaires en nombre. Europe Écologie – Les Verts rappelle le gouvernement à ses devoirs envers la société et à son devoir constitutionnel de faire respecter le principe d’égalité qui est au fondement de notre république.  

Il est temps de passer à des mesures réellement dissuasives – incluant la publication de la liste des entreprises hors-la-loi – assorties d’une obligation de résultats à application immédiate, en débloquant par exemple des enveloppes d’augmentations salariales dédiées aux femmes.

Il est temps aussi de repenser structurellement l’inégalité de traitement des hommes et des femmes dans le monde du travail. Cela passe par une requalification des emplois féminins – en luttant par exemple contre les temps partiels subis –, mais aussi par une revalorisation des secteurs d’activités « féminisés », la lutte contre les stéréotypes dès le plus jeune âge et la diversification des parcours proposés aux femmes. L’articulation entre temps professionnel et temps personnel revêt aussi une fonction pivot : nous demandons ainsi la mise en oeuvre d’un congé paternité véritable et d’une politique d’accueil de la petite enfance plus ambitieuse.

Europe Écologie – Les Verts soutient l’action pour l’égalité salariale lancée par les Glorieuses ainsi que celle menée par Pouvoir Citoyen et les Effronté·es et appelle à les soutenir sur : https://lesglorieuses.fr/6novembre15h35/#petition et http://www.egalitesalariale.fr/

Julien Bayou et Sandra Regol, porte-parole nationaux