Un arrêté ministériel en date du 3 avril 2020 impose la certification en langue anglaise pour les candidats inscrits aux diplômes nationaux de licence, de licence professionnelle et au diplôme universitaire de technologie. Nous estimons que cette consécration officielle de l’anglais comme langue obligatoire pour tout.e diplômé·e, au détriment des autres langues et cultures, est injustifiée.

L’anglais a une importance mondiale et constitue à l’image de toutes les langues une richesse pour l’ensemble de l’humanité. Mais nous défendons une politique linguistique respectueuse des bassins de vie et de leurs habitants. Ainsi, la décision d’imposer une certification en anglais dans les études post-bac est un non-sens au regard de la pluralité des territoires de France.

Rappelons qu’une des fonctions de l’apprentissage des langues est  la découverte de l’altérité et l’ouverture sur le monde. C’est aussi un processus qui doit prendre en compte le contexte géographique et historique mais aussi les aspirations des apprenants. 

Pour les professions intermédiaires « CAP-BAC+2 », par exemple, un bi- ou plurilinguisme de proximité semblent plus cohérents et préférables à un « globish » maladroit et frustrant. Cet exemple est particulièrement vrai en Alsace où les bassins économiques sont tournés vers l’Allemagne et la Suisse. De manière plus générale,  il existe de nombreux postes en entreprise ne nécessitant pas l’utilisation de l’anglais, et l’on voit mal pourquoi ce qui est utile à quelques-uns devrait être imposé à tous, ni pourquoi des techniciens compétents verraient leur avenir professionnel compromis pour un manque de compétences en anglais. 

La France dispose d’une richesse linguistique impressionnante. On pense principalement aux langues régionales comme le breton et l’occitan. Cependant, on peut aussi y ajouter les langues issues d’une immigration plus récente tels l’italien et l’arabe. Enfin, la proximité géographique d’une frontière permet aussi le développement d’un apprentissage linguistique (allemand, flamand, espagnol…). Cette diversité ne doit pas être étouffée mais valorisée. Laissons à chaque étudiant la capacité à choisir la langue qui correspond le mieux à son parcours de vie et à ses projets professionnels.

Enfin, les certifications en anglais, réalisées par des instituts privés, sont payantes. En l’état actuel des choses, ce sera à l’étudiant de s’en charger, creusant ainsi les inégalités dans l’accès aux études. De plus, l’apprentissage véritable des langues est souvent effectué en dehors du cadre scolaire, notamment lors de séjours à l’étranger, qui ne sont accessibles qu’aux jeunes socialement avantagés.

Nous demandons donc :

•    la suppression de cette certification obligatoire en anglais ;

•    la prise en compte du projet de l’étudiant et de la diversité des langues dans les politiques de l’enseignement supérieur ;

•    une meilleure information de tous les acteurs de l’enseignement sur les réalités linguistiques en Europe ;

•    la concertation avec les acteurs du territoire pour promouvoir l’apprentissage des langues.

En conclusion, une Europe fraternelle et inspirante ne peut se construire que dans le respect de la diversité linguistique et géographique, pas en imposant une certification obligatoire payante et discriminante. Faisons de la France un véritable carrefour plurilingue au cœur de l’Europe !

Alain Coulombel et Éva Sas, porte-paroles

Commission Éducation et Commission Espéranto-Langues d’EÉLV