La sénatrice de Seine Saint-Denis Aline Archimbaud intervenait le 14 février au Sénat, lors d’un débat consacré à la gynécologie médicale. Elle a déploré les inégalités entre hommes et femmes en matière de santé, ainsi que la diminution du nombre de postes en gynécologie.

« Monsieur le Président,

Madame la Ministre,

Mes chers collègues,

Les difficultés de la gynécologie médicale décrites par mes collègues sont symptomatique d’une problématique plus large : l’insuffisante prise en considération de la spécificité du corps des femmes par la médecine, qui est une activité dont la pratique et la recherche ont été longtemps exclusivement du domaine des hommes.

L’un des faits les plus marquants en est par exemple qu’un bon nombre de prescriptions médicales destinées aux femmes reposent en fait sur des essais entièrement conduits sur des mâles.

Leurs spécificités, plutôt que d’être prises en compte, les excluent donc des essais cliniques, que les variations de leur cycle hormonal complexifierait et donc rendrait plus coûteuses.

79% des anti-douleurs ne sont ainsi testés que sur des mâles, et même quand il s’agit d’étudier des pathologies reconnues comme affectant différemment les deux sexes, la parité n’est pas respectée. La majorité des anxiolytiques sont par exemple testés sur des mâles, même si les femmes ont 2,25 fois plus de problèmes d’anxiété que les hommes.

Aussi je m’interroge, Madame la Ministre, sur les inégalités existant aujourd’hui entre les femmes et les hommes en matière de santé.

Que les effets secondaires soient surtout étudiés sur des cobayes masculins, lorsque l’on sait que les femmes soient plus sensibles que les hommes aux effets secondaires des médicaments, est préoccupant.

Tout comme l’est l’insuffisance du nombre de postes de gynécologie médicale ouverts chaque année à l’internat de médecine, surtout lorsqu’on les compare au nombre de départs en retraite.

Sur les 875 gynécologues exerçant aujourd’hui en Île de France, soit une moyenne de 0,8 pour 5000 femmes en âge de consulter, 48% vont, en raison de leur âge, partir dans les 5 ans.

Or vous le savez, cette spécialité médicale est la seule à suivre les femmes d’un bout à l’autre de leur vie. Et c’est notamment grâce à la gynécologie médicale que notre pays connaît une espérance de vie record des femmes, en particulier du fait d’un dépistage précoce des cancers féminins et d’un suivi de la qualité de la contraception, aujourd’hui au centre de l’attention.

En conséquence, les difficultés d’accès à une consultation régulière de gynécologie médicale pose des problèmes croissants de suivi des femmes et donc de prévention, ce qui constitue un risque pour notre santé, est source d’inégalités intolérables et de surcroît pèsera à long terme sur nos finances publiques.

Madame la Ministre, quelles mesures comptez-vous prendre pour remédier à ces problèmes ? »