Histoire de la ville d’Arlit :

La ville d’Arlit est née sous l’appellation Arlit en 1968  au début de l’exploitation de l’uranium par la SOMAIR une filiale d’AREVA au Niger. La ville comptait en 1968 moins 2000 habitants et aujourd’hui cette ville compte 140  000 habitants.

Arlit se trouve dans la région d’Agadez au nord du Niger à 1214 km de Niamey la capitale du Niger et à 250 km d’Agadez le chef lieu régional.

Avant l’exploitation de l’uranium c’est une région à vocation pastorale ou vivent les nomade Touareg qui pratiquent l’élevage de chameaux, chèvres, moutons. Aujourd’hui les populations d’Arlit se composent de toutes les ethnies du Niger principalement venues du sud du pays.

Sur le plan administratif en 1967 cette zone dépend du poste administratif d’Iferouāne situé à 160 km avec comme autorité administrative un chef de poste, Arlit est  aujourd’hui une commune urbaine, elle est chef lieu du département d’Arlit, il y a un maire, un préfet, les services de l’Etats, deux hôpitaux de AREVA , un hôpital publique de l’Etat. Arlit comprend deux village dénommés village d’Arlit et village d’Akokan avec chacun son chef de village comme chef coutumier.

Arlit et les usines d’uranium d’AREVA sont alimentés en énergie électrique par une centrale à charbon situe à 190 km au sud d’Arlit.

L’eau est fournie par AREVA qui la vend aux populations locales. Il ya des écoles primaires et secondaires.

Notre combat  et sa porté locale nationale et internationale :

L’ONG Aghirin’man née en 2000, juste à la fin de la première décennie multipartite  qui s’est soldée par deux coups d’Etat militaire en 1996 et 1999.  La période 2000 à2005 fut celle d’un mandat d’un président démocratiquement élu. Notre association a été confrontée par le manque de compréhension ou non prise en compte  par les politiciens des problèmes des populations autours des mines d’uranium. Donc période de sensibilisation à travers des prises de positions lors des réunions des responsables locaux et nationaux, écrits dans les journaux nationaux et internationaux, prise de contact avec des organisations nationales et internationales.

2006-2010, changement de politique au niveau de l’Etat, attribution des multitudes des permis de recherche minière et d’exploitation. Premier bras de fer entre AREVA et le gouvernement du Niger sur l’attribution du gisement d’uranium d’Imouraren à 80 km d’Arlit. Votation des nouvelles lois minières dont celle qui fait débat actuellement qu’Areva refuse d’appliquer.

2006 c’est l’année de la votation de la loi sur les 15% de  la taxe redevance minière concédés aux 15 communes de la région d’Agadez (région d’exploitation de l’uranium). Cette redevance représente environ 2 milliards  de FCFA par an versé par l’Etat à ces communes.

Cette période est aussi celle de la création des regroupements de la société civile nigérienne, notamment dans le domaine des industries extractives et aussi l’adhésion du Niger à l’ITE. Notre association est membre fondateur de ses regroupements locaux, nationaux et internationaux.

Aujourd’hui 2014, renégociation entre le gouvernement du Niger et le groupe nucléaire français AREVA, des conventions des sociétés minières filiales d’AREVA au Niger.

Le 26 mai 2014 accord global stratégique entre le Gouvernement du Niger et AREVA des engagements nouveaux.

Quel bilan tirez vous aujourd’hui de votre lutte depuis la création de l’association Aghirin’man ?

En 2000 aucune ONG de protection de l’environnement et le mieux-être n’existe à Arlit ou sont installées les mines d’AREVA au Niger. Aghirin’man est née le 7 janvier 2000 avec un récépissé local d’exercice provisoire. Il a fallu trois ans de procédure administrative compliqué pour obtenir notre agrément national d’exercice. Aghirin’man est la seule association a avoir son siège permanant et statutaire à Arlit depuis sa création. En 2000, les populations ne savent même pas c’est quoi une ONG à Arlit. Notre  association a pris beaucoup d’initiative dont :

–       Alerte des associations comme SHERPA et la CRIIRAD sur les questions de protection de l’environnement e, de santé des populations autour des mines d’uranium au Niger. Cela a obligé les sociétés minières à prendre des dispositions de correction et d’amélioration des conditions d’exploitation.

–       Organisation de plusieurs missions d’expertises sur le terrain des CRIIRAD et SHERPA, ayant abouti a des l’édition des rapports sur la situation environnemental, sociaux économique et sanitaire dans la zone d’exploitation d’uranium au Niger.

–       Découverte des contaminations radiologues dans la ville d’Arlit. Cela a permis la décontamination des points importants comme les devantures des hôpitaux SOMAIR et COMINAK.

–       Découverte des puits d’eau potable radiologiquement contaminés à Arlit et la zone d’Imouraren, cela a permis l’arrêt immédiat de ces puits auparavant consommés par les population.

–       Organisation des marches et meetings de la population autour des mines pour réclamer une meilleure protection de l’environnement et des retombées  financières de la manne de l’uranium. Cela a abouti a un accord avec les sociétés minières filiales d’AREVA au Niger pour leur participation au développement durable des communes (Arlit, Gougaram, Dannat, Timia et Iférouane) directement impactées par les activités minières à hauteur de 500 millions de FCFA par an depuis 2006  auxquels s’ajoutent les 15% de redevance minière versés par l’Etat chaque année.

–       Les actions de mobilisation de a population ont permis aussi d’arracher l’engagement d’Areva pour le bitumage des rues d’Arlit  (3 milliards FCFA) afin d’atténuer l’impact des poussières dans cette ville pour améliorer la situation sanitaire des populations.

–       Action auprès des medias pour améliorer la protection des travailleurs contres les rayonnements ionisants.

–       Notre association a participé a la réalisation de plusieurs film (Arlit deuxième Paris et la bataille de l’uranium) et livres  (la face caché de l’uranium).

–       Nous avons aussi édité des documents pour commission européenne (Exploitation de l’uranium à Arlit : Pollution durable, pièce à conviction).

Aujourd’hui les populations ont amélioré leur capacité de défense de leurs intérêts face au multinationales et à l’Etat. Beaucoup des organisations de la société civile se document  sur l’exploitation minière au Niger auprès de notre association. Les sociétés minières réagissent à la pression de nos actions notamment dans la prise en compte des questions de protection de l’environnement.

Indicateur1 : Les politiques sont plus sensibles aux besoins de la population :

– Depuis l’installation des unités d’exploitation d’uranium au Niger, il y a aujourd’hui presque un demi-siècle aucune transparence dans les contrats entre l’Etat  et les multinationales. Même les 15%  de redevance minière sont versés chaque années après nos manifestations.

– Durant les quarante premières  années les gouvernements qui se sont succédé  au Niger sont restés complice des multinationales. C’est en 2006 que les rapport ont commencé à changer avec moins de complicités et plus de volonté pour les gouvernements a défendre les intérêts du pays.

– Aucune convention ne garantie les droits des populations, quelques lois existent dans le code minier du Niger et la loi cadre sur la gestion de l’environnement  mais l’état ne tient pas rigueur aux multinationales dans l’application de ces textes.

– Dans le cadre des actions que nous avons mené avec Sherpa, CRIIRAD  et Médecins du Monde, un accord et intervenu entre nos association et AREVA pour la création d’un observatoire de santé dénommé « Observatoire de la Santé de la Région d’Agadez (OSRA) ». Cet observatoire à pour mission et objectif de faire un bilan épidémiologique dans la zone d’exploitation, de suivre médicalement les anciens travailleurs, d’étudier les maladies professionnelles et de dédommager les victimes. Quatre ans après sa naissance, cet organisme commun végète dans des contradictions liées à notre avis à la volonté d’AREVA d’étouffer les objectifs. Compte tenu de cette situation nos associations ont décidé depuis un an de suspendre leur participation dans OSRA. D’autre part l’Etat du Niger a soutenu auprès de l’Union européenne la construction d’un hôpital de référence à Arlit, cet hôpital est presque terminé et entrain d’être équipé en matériels.

Les indicateurs 2 : Les structures organisationnelles sont établis et la capacité de mobilisation de construction :

– L’ONG Aghirin’man a pris part à toutes les audiences publiques et les ateliers de validation des gisements miniers exploités par AREVA dans la région d’Agadez depuis 2006 date la mise en œuvre de la loi instituant cette procédure dans l’exploitation minière . Ces gisements (Afasto-Ouest, Tamgak, Tabelé–taoussa, Imouraren ect.)sont exploités actuellement par SOMAIR, COMINAK et Imouraren SA. Notre association participe chaque année aux réunions de la commission locale d’information organisée à Arlit par AREVA  et nous profitons de cette occasion pour exposer les préoccupations des populations riveraines des sites miniers. L’ONG Aghirin’man est invitée dans toutes les rencontres officielles de la mairie d’Arlit, de la préfecture d’Arlit et du gouvernorat d’Agadez.

 – Notre association a participé e à la conférence des nations unies sur l’environnement à Nework.

– Notre association Aghirin’man est membre fondateur des réseaux suivant :

Coordination de la société civile d’Arlit
Groupement des organisations da société civile de la région d’Agadez.
ROTAB (Niger)
GREN (Niger)
Collectif mines d’uranium (France)

– Tous ces réseaux sont actifs et fonctionnels et Aghirin’man assure la présidence de la coordination des organisations de la société civile d’Arlit et celle de la région d’Agadez, nous assurons aussi le vice coordinateur du ROTAB.

– Nous organisations de marches et des meetings à Arlit comme ce fut le cas lors des négociations entre le Niger et AREVA, en janvier 2014 ou nous avons mobilisé plus de 10 000 personnes.

Questions directrices :

Aujourd’hui sur le terrain les populations savent c’est quoi la radioactivité dans les mines d’uranium, comment se protéger, elles réclament à l’Etat et aux multinationales plus d’action et d’investissement dans le développement durable, elles réclament de plus en plus l’application de certains lois, elles veulent être informé, formé et sensibilisé. Il y a de plus en plus des organisations qui se créent notamment chez les femmes et les jeunes qui réclament des formations dans le domaine minier.

On constate une amélioration chez les exploitants miniers et l’Etat dans l’écoute des préoccupations exprimées par les populations, néanmoins il reste beaucoup à faire pour une réelle prise en compte des véritables intérêts des populations dans l’exploitation des ressources naturelles.

Almoustapha Alhacen
President de l’ONG Aghir in man