Monsieur le Premier secrétaire,

Vous avez pris l’initiative de lancer un référendum sur l’unité de la gauche et des écologistes, demandant ainsi aux sympathisants de gauche de se prononcer sur une question stratégique en la déconnectant de tout contenu programmatique. Dans les médias, vous avez également fait le choix de dénoncer, en guise de réponse systématique à toute question, la division des forces de gauche au premier tour des élections régionales.

Je me permets de vous avertir : votre stratégie de stigmatisation des forces politiques qui font le choix de présenter leur projet au premier tour des élections régionales met en péril le rassemblement de la gauche et des écologistes. Pour le dire autrement, le chantage au rassemblement crée au contraire de la division et augmente les chances de victoire de la droite et de l’extrême droite au deuxième tour.

En temps de crise démocratique, escamoter le débat politique me paraît ainsi contradictoire avec l’objectif de responsabilité que vous exigez de vos partenaires. Un rassemblement digne de ce nom ne peut se faire que sur la base d’objectifs communs et d’un contrat de gouvernement clairement établi devant les électeurs.

C’est ainsi que nous avons gouverné ensemble la plupart des régions de France ces cinq dernières années. En 2010, les écologistes ont fait le choix de présenter leur programme avant de chercher sans ambiguïté le rassemblement de la gauche et des écologistes au deuxième tour. Pour nous, rien n’a changé.

Pour permettre les conditions d’un rassemblement, le Parti socialiste doit entendre les critiques, que nous formulons avec la même objectivité que les félicitations. Il ne doit pas sombrer dans la caricature.

En ce sens, pour les élections régionales, contrairement à ce que vous déclarez, Europe Écologie – Les Verts a fait le choix de présenter au premier tour, dans toutes les régions, des projets écologistes qui visent à rassembler plutôt qu’à diviser. Il s’agit d’une écologie libre et indépendante, qui ne se retrouve pas dans la guerre des gauches dans laquelle vous essayez, avec d’autres, de nous impliquer.

Caricaturer les intentions des autres forces politiques à l’approche d’une élection est un très mauvais signal envoyé à leurs électrices et à leurs électeurs. Cela traduit à mes yeux une sorte de panique bien plus liée à l’obsession du Parti socialiste de protéger ses propres positions qu’à celle, qui est la mienne, de protéger les politiques sociales et écologiques au service des habitants dans les territoires.

C’est dans cet état d’esprit que les écologistes feront campagne pendant les huit prochaines semaines. Croyez-bien, monsieur le Premier secrétaire, qu’ils prendront toute leur part pour permettre le rassemblement de la gauche et des écologistes et faire barrage à la droite et à l’extrême droite. J’espère que vous prendrez la vôtre en respectant nos choix et nos orientations.

Je vous prie de recevoir, Monsieur le Premier secrétaire, l’expression de mes salutations distinguées.

Lettre ouverte à Jean-Christophe Cambadélis

Emmanuelle Cosse, Secrétaire nationale d’EELV