En mars 2015, une coalition militaire menée par l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis soutenue par les États-unis, lançait les premières frappes aériennes au Yémen, contre le groupe armé des houthis accusés d’être proche de l’Iran. Depuis trois ans les premières victimes de ces bombardements sans discernement sont la population civile particulièrement les enfants et les femmes, dans un pays qui était déjà confronté à une pauvreté généralisée, à la vulnérabilité, à l’insécurité alimentaire et à l’absence de services de santé.

Selon le Yémen Data Project, qui recense les frappes aériennes de la coalition, le Yémen a subi plus de 16 000 raids aériens depuis mars 2015 – l’équivalent d’un bombardement toutes les 90 minutes.

Cette guerre a fait plus de 9 000 morts, 40 000 blessés et plus de 2,3 millions de personnes déplacées, souvent plusieurs fois. L’UNICEF indique ainsi que « les enfants représentent au moins la moitié des déplacés, et plus de 19 millions de personnes luttent quotidiennement pour obtenir de l’eau ; 1,3 million d’enfants de moins de cinq ans font face à un risque de malnutrition aiguë et d’infections aiguës des voies respiratoires. Au moins deux millions d’enfants ne peuvent pas aller à l’école ».

Le blocus imposé par la coalition s’est traduit par la fermeture de tous les aéroports, ports maritimes et passages terrestres du pays. Cette décision qui a aggravé la catastrophe humanitaire car le blocus empêche l’entrée de l’aide humanitaire vitale et des fournitures commerciales.

Cette guerre du Yémen est aussi dévastatrice pour le patrimoine millénaire du Yémen, classé patrimoine universel.

Qualifiée de guerre à huis clos, cette guerre qui a longtemps échappé au radar médiatique, se retrouve sous les feux de l’actualité avec la visite en France du 8 au 10 avril du prince héritier Mohammed Ben Salman en France. Souvent présenté comme un réformateur, le fils du roi Salman joue un rôle majeur, en tant que ministre de la Défense, dans la guerre conduite au Yémen par l’Arabie saoudite, qui reste un des gros clients de l’industrie de l’armement français.

Aujourd’hui plusieurs ONG alertent sur le risque juridiquement élevé que la poursuite de  vente d’armes à l’Arabie saoudite soit illégale, au regard des engagements internationaux de la France en vertu du traité sur le commerce des armes et de la position commune de l’Union européenne.

Plusieurs pays européens dont l’Allemagne, la Norvège et la Belgique ont pris des mesures limitant leurs exportations d’armes en raison du risque qu’elles soient utilisées contre des civils au Yémen, ce qui pourrait constituer des crimes de guerre.

Europe Écologie – Les Verts se joint à l’appel des dix organisations humanitaires et de défense des droits humains, qui le 4 avril ont lancé un appel à Emmanuel Macron pour qu’il exhorte le prince héritier saoudien Mohammed Ben Salman, à stopper les bombardements ciblant des civils, à respecter le droit humanitaire international, à lever le blocus de l’aide humanitaire et des biens commerciaux qui aggrave la crise humanitaire dans le pays.

La France doit également suspendre les ventes d’armes à l’Arabie Saoudite et aux Émirats Arabes Unis. Selon une première enquête d’opinion sur les exportations d’armes françaises, réalisée par YouGOv pour SumOfUs, 88% des personnes interrogées estiment que la France doit arrêter ses exportations d’armes aux pays qui risquent de les utiliser contre des populations civiles. Europe Écologie – Les Verts soutient également la demande d’une enquête parlementaire pour vérifier que la France respecte effectivement le traité sur la vente d’armes aux membres de la coalition.

 Julien Bayou et Sandra Regol, porte-parole nationaux