La ministre des Transports, Elisabeth Borne, et le Premier ministre, Edouard Philippe, donneront cet après-midi le coup d’envoi des Assises de la mobilité, qui doivent durer trois mois et aboutiront, début 2018, à une loi d’orientation des mobilités. Les écologistes attendent beaucoup de ces Assises, qui peuvent enclencher une politique nationale pour des transports plus écologiques et plus utiles au quotidien de toutes et tous. Agir sur les déplacements et les transports est indispensable pour bâtir une société décarbonée.

Les citoyen.ne.s doivent être impliqués dans toutes les décisions qui les concernent, c’est à dire consultés en amont des décisions, mais également lors de leur mise en oeuvre : leur est avis est primordial. Le processus de concertation qu’a initié le gouvernement va donc, sur ce point, dans le bon sens.

La fin des « grands projets inutiles et imposés » est une nécessité écologique et également financière, tant ils captent les capacités d’investissement de l’État et des collectivités territoriales. En ce sens, les déclarations d’Elisabeth Borne sont un signal positif.
Depuis des décennies, les écologistes appellent à faire de la mobilité au quotidien une priorité et à flécher les investissements vers ceux-ci, pour permettre des déplacements pendulaires plus écologiques et plus agréables pour les usagères et usagers (voyageurs des transports en commun, cyclistes, etc.). Il faut sortir d’une logique qui subventionne toujours plus la voiture, et notamment le diesel particulièrement dangereux, sans jamais récompenser celles et ceux qui ne polluent pas en pratiquant la marche à pied ou le vélo pour leurs déplacements.

Nous espérons que ces Assises de la mobilité permettront de repenser le développement des réseaux de villes moyennes et de rétablir l’équilibre ville-campagne : 8 millions de nos concitoyen·ne·s n’ont qu’un accès restreint aux infrastructures de transport. Il est ainsi essentiel de réduire les inégalités et déséquilibres territoriaux. Cela passe notamment par un meilleur aménagement urbain et la réduction des distances parcourues.

À l’heure de la mise en œuvre de l’Accord de Paris, l’enjeu est bien sûr également écologique : les transports représentent près de 29% des émissions de gaz à effet de serre de la France. Ils génèrent également de la pollution atmosphérique, au coût sanitaire considérable, et responsable de près de 48 000 décès prématurés en France chaque année… Enfin, les transports sont aussi consommateurs de foncier, alors qu’il faut cesser d’artificialiser les sols.

Ce sont les raisons pour lesquelles les écologistes plaident pour une grande place accordée aux modes doux (principalement la marche et le vélo), aux transports en commun, et pour l’optimisation ou la rénovation des infrastructures existantes plutôt que pour de nouvelles constructions.

Europe Écologie Les Verts appelle donc à un moratoire sur les projets autoroutiers, et à terme à leur abandon. L’usage de la voiture individuelle doit être réduit par des dispositifs réglementaires (normes sur les émissions polluantes, abaissement des limites de vitesse…), des incitations tarifaires (bonus-malus) et la promotion des déplacements collectifs (covoiturage, autopartage, etc.).

Parallèlement, Europe Écologie – Les Verts exhorte le gouvernement à valoriser et améliorer les infrastructures, notamment ferroviaires, déjà existantes. Les moyens alloués à la politique des transports doivent être mieux répartis sur l’ensemble du territoire. Les écologistes défendent le « train à haut niveau de service », pour mailler le territoire en grandes lignes et desservir toutes les régions de France ; ainsi que le train de nuit, qui est une alternative efficace à l’avion pour les trajets longue distance.

Le développement de ces modes de transport permettrait de créer des milliers d’emplois aujourd’hui inexistants, et de répondre aux besoins de mobilité, y compris dans les espaces moins denses et moins desservis par les transports en commun. Ni le coût, ni la distance à l’arrêt de bus le plus proche, ni l’accessibilité physique au véhicule ne doivent être un obstacle à une mobilité, qu’elle soit subie ou choisie.

Europe Écologie Les Verts attire l’attention du gouvernement sur le fait qu’il ne suffit pas de se concentrer sur les Assises de la mobilité : les déplacements relèvent d’une politique transversale. Sans une inscription dans la prochaine loi de finances des intentions affichées, les propositions de ces assises resteront lettre blanche. L’urgence écologique ne laisse à personne ce luxe.

Julien Bayou et Sandra Regol, porte-parole nationaux

Vous trouverez ici le lien pour accéder à la motion votée par le Conseil fédéral les 9 et 10 septembre 2017 : https://www.eelv.fr/repenser-notre-mobilite-pour-faire-face-aux-enjeux-climatiques/