Les attentats qui ont frappé la Tunisie interviennent quelques mois après les premières élections libres du pays, pour tenter de mettre un coup d’arrêt à cette jeune et fringante démocratie. Une fois encore la démocratie et ses valeurs sont attaquées.

Les Tunisiennes et les Tunisiens sauront, à n’en pas douter, réagir avec l’exemplarité et le courage qu’ils ont déjà démontré et nous devons nous tenir à leur côté. Ils sont déjà debout pour faire face. Bien sûr, comme au Danemark ou en France, des mesures doivent être prises pour renforcer la lutte contre le terrorisme. Des mesures légales, dignes d’un Etat de droit, qui ne rognent pas les libertés publiques et qui permettent de poursuivre le processus démocratique tunisien.

Mais ce nouvel attentat nous rappelle l’essentiel : la meilleure manière de combattre le terrorisme est de s’attaquer à ses causes profondes.

Il faut d’abord mettre fin à l’endoctrinement massif qui alimente les rangs de la haine. Même quand on est perdu, on doit trouver la démocratie plus désirable que le fondamentalisme religieux. Nous devons comprendre les ressorts qui poussent des milliers de jeunes dans cette dérive fasciste. Il faut remettre de la lumière dans tous les coins d’ombre, des prisons aux camps d’entrainement en passant par les réseaux sociaux, qui permettent la propagation de toute idéologie meurtrière. L’amour de la liberté et l’exigence d’égalité sont nos flambeaux dans ce combat de fond.

Il faut ensuite priver les réseaux terroristes de leurs moyens financiers et donc guerriers. Pour cela, il est urgent de redéfinir une nouvelle politique internationale, française et surtout européenne. Nous devons mettre fin à l’hypocrisie qui consiste à faire des affaires avec certains régimes qui, de l’autre côté, financent les djihadistes. Là encore, c’est une entreprise de longue haleine, qui prendra du temps, mais qui peut porter ses fruits et réduire le nombre d’attentats en coupant l’herbe sous le pied de leurs instigateurs. Les guerres, si elles ne s’accompagnent pas de ces politiques de long terme, produisent des effets déstabilisateurs pervers dramatiques, comme le montre la situation en Lybie.

Dans l’immédiat, la meilleure réponse à apporter aux fanatiques de tous bords est de réussir le Forum Social Mondial, festif et multiculturel, qui se tiendra la semaine prochaine (du 24 au 28 mars) en plein coeur de Tunis.

Une fois de plus nous sommes Charlie, nous sommes tous Tunisiens. Une fois de plus nous devons répondre par plus de démocratie, plus de liberté, plus d’égalité.

Emmanuelle Cosse

Secrétaire nationale d’EELV