Cinquante ans de Cinquième République ont à ce point cultivé le mythe français de la rencontre d’un homme et d’une nation, anémié en France le rôle du parlement et boursouflé celui du Président, qu’il est désormais admis sans discussion que les candidats à la magistrature dite « suprême » puissent déclarer, avant même d’être élus, qu’ils s’affranchiront peu ou prou du programme du parti dont ils sont, d’une façon ou d’une autre, sinon les représentants, du moins l’émanation.

Ainsi, marchant dans les pas de François Mitterrand qui usa couramment de cette sorte de facilité, François Hollande a-t- il annoncé, en harmonie avec cette tacite tradition et avec une franchise déconcertante, qu’il ferait différemment de l’accord signé entre le parti socialiste et les écologistes. Sur deux points au moins.

Il est hautement possible qu’il faille lire d’abord dans cette prise de distance, l’expression de différences internes entre socialistes, qu’il ne nous appartient pas ici de commenter.

Mais elle renvoie à coup sûr à une approche des institutions qui mérite débat. Elle n’est pas en tout état de cause celle des écologistes, dont le propos explicite est au contraire l’instauration d’une sixième République parlementaire, qui est un point fort du projet qu’adoptera en décembre leur Conseil fédéral.

L’existence de divergences entre une partie des socialistes et les écologistes à ce sujet n’est pas un scoop. Qu’elle apparaisse au fil des interprétations différentes de tel ou tel aspect d’un contrat partagé, n’est pas non plus une surprise.

Mais gardons nous les uns et les autres qu’à la longue, une gestion au fil de l’eau de ces différences n’agace une opinion de gauche très attachée a l’unité et plus encore à la nécessité d’un minimum de cohérence entre ce que l’on dit et ce que l’on fait.

Jacques Archimbaud

Secrétaire national adjoint d’EELV